Évidemment, l'essentialisme fonctionne à plein sur des sujets fantasmés, par encore tout à fait existants et possibles, mais dont les prédictions envisagent une arrivée prochaine. Le clonage par exemple. Un clone ne serait pas un homme, car il n'aurait pas les qualités essentielles de possession d'un père et d'une mère. Les mères porteuses en sont un autre exemple. Un enfant conçu dans l'utérus d'une femme et donné à la naissance à l'élevage chez une autre femme, doit forcément être un peu atteint dans sa normalité d'individu. L'ectogenèse, un troisième : faire se développer complètement, de la conception à la naissance, un enfant en couveuse, remplacer l'utérus (naturel) par une machine (artificielle) aurait comme conséquence la création d'individus pas tout à fait humains, pas tout à fait comme les autres, avec beaucoup de soucis et des obstacles infranchissables à leur développement normal. Autant d'assertions qui tomberont en désuétude dès qu'il sera possible de se cloner et de naître par ectogenèse. Dans le cas des mères porteuses, c'est évidemment possible depuis la nuit des temps, mêmes si les avancées technoscientifiques récentes permettent à l'enfant d'être biologiquement celui d'un (au moins) des deux parents éleveurs.
Alors que, depuis deux siècles, environ la science met à mal l'essentialisme, c'est vers ces changements dans la définition de l'Homme (with the H) induits par la biologie que se dirigent, en bonne logique, la plupart des coercitions essentialistes. En premier lieu desquelles la bioéthique, dont notre beau pays a été l'un des premiers à s'être doté d'un arsenal législatif défini de la sorte. Cet arsenal seront révisées d'ici 2010. La traque de l'essentialisme peut donc commencer.