Magazine Asie

Kafka est Indien (et moi aussi)

Par Antoinehl

Ce matin, j’ai décidé de me mesurer à l’administration indienne…

Pour ouvrir un compte bancaire en Inde, il faut d’abord avoir un papier que l’on obtient auprès d’une administration qui recense les étrangers présents sur son sol.
Il faut en un deuxieme temps, obtenir une preuve de domicile, délivrée par la police du quartier.

Donc, donc, ce matin, paré de mes plus beaux atours (c’est à dire que la brosse a cheveux qui dormait depuis deux mois, à été de sortie), je me suis présenté à 9h à la premiere étape.
Vous vous rappelez des bibliothécaires de notre enfance ? La petite dame sèche et renfrognée qui vous regardait par dessous ? Bon, et bien, en Inde, ils ont délocalisé cette race.
La petite dame dans sa guérite me rétorque d’un ton sec que le bureau est ouvert à 10h et pas avant, et que je n’ai qu’à repasser plus tard, sous entendu, tu tournes les talons et hors de ma vue.
J’obtempère, déja un peu énervé. et vais me poser dans un restaurant douteux qui me sert un café dont la surface faisait plus penser à une huile de moteur usagée qu’à de l’Arabica d’AOC.

Une heure plus tard, décidant de ne pas repasser par la pimbèche, je me présente directement au bureau, une grande salle déja bien remplie, avec tout plein d’indiens apparament afférés sur des piles de documents crasseux. Etant d’une politesse toute française, j’halpague le plus gros d’entre eux, qui s’avère, bien entendu, être le chef, et qui fait mine de ne pas comprendre mon anglais shakespearien mais fini, une fois que mes “r” sont bien roulés, par m’envoyer dans un autre bureau.
Là, un moustachu regarde mon passeport, d’abord à l’envers, et m’assure malgré mes explications, qu’il ne peut rien faire pour moi et que je n’aurai pas de papier.

Pas démonté pour un roupi, je saute dans un rickshaw pour expliquer ou du moins tenter de faire comprendre à la police pres de chez moi, que j’ai besoin de preuve d’hebergement pour ouvrir mon compte. “Sorry sir, we won’t do anything for you” . Pas “we can’t” mais “we won’t”…. Welcome to India

Qu’à cela ne tienne, me dit ma patience, émoussée mais toujours présente, je me présente chez mon banquier qui commence par me demander pourquoi je ne travaille pas le samedi comme tout le monde.
Je pense que mon regard un peu sombre l’a arreté dans ses elucubrations. Mais ca ne l’a pas empeché de me présenter une fin de non recevoir à l’ouverture du compte, le papier étant obligatoire.

Résultat de cette journée, pas de compte mais il est 15h et je viens de m’acheter une petite table pour la terrasse. Il fait 31°C, je crois que je vais me faire une tite sieste en attendant l’arrivée des Lembo, qui font une halte à Bangalore sur le chemin de leur tour du Monde sac au dos.

Oh, une derniere chose, ce matin, j’ai fait refaire des clefs. J’ai fini par trouver un vieux dans la rue qui les a “copié”. Ca m’a pas couté cher, mais deux sur trois ne marchent pas. C’était inefficace mais pittoresque.

Je pense que ca résume bien la journée, même si rien ne se passe comme on l’aurait espéré, le fait de gouter à ces petits moments valent bien les déplacements…


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