Au bureau, et dans la vie indienne en général, on est souvent surpris par l’importance donné par les indiens aux décorations corporelles, et en particulier au tatouage.
J’avais parlé il y a quelques temps des bindis mais ce n’est que la partie visible de ce que beaucoup d’indiens ont de dessiné sur leur peau.
Comme vous vous en doutez, la religion est à l’origine de cette pratique. Vishnu, selon la légende, dessina un tatouage sur la paume de Laksmi, son épouse, afin de la protéger des sorts.
Le tatouage, qu’il soit permanent ou non, rythme la vie des hindous. Les enfants ont souvent une marque autour des yeux pour les protéger du mauvais œil, et les mariées ont les mains recouvertes de henné. Cet ornement est ici appelé le mehndi et on la retrouve aussi dans le Kerala au sein de la communauté musulmane (et par extension bien sur dans les pays du Moyen Orient).
Les couleurs employées ont aussi une importance capitale. Le rouge est celle du sang et du feu, et symbolise l’énergie et la vitalité. Le bleu est connecté avec Râma, héros du Rāmāyana, un des livres sacrés de l’hindouisme et renvoie à la spiritualité et l’érotisme.
Rappelez-vous aussi de la fête de Holi dont j’avais parlé ici et qui consiste à s’arroser d’eau colorée.
Au delà d’une preuve d’appartenance sociale, le tatouage a aussi une utilité post-mortem au sein de certaines éthnies indiennes.
Pour les Bhil, une ethnie vivant au centre de l’Inde, (Madhya Pradesh et Gujarat), les tatouages représentent les bonnes actions de la vie passée et sont les seules “preuves” de ce qui a été fait après la mort.
Les plus anciennes description de tatouages ont été rapportées par Marco Polo lors de son voyage en Inde au XIIIe siècle. Je n’ai trouvé cette citation qu’en anglais, mais elle est particulièrement explicite.
“Many come hither from Upper India to have their bodies painted with the needle in the way we have elsewhere described, there being many adepts at this craft in the city [the city and great haven of Zayton].”
– Marco Polo, The Travels of Marco Polo, Volume 2.
Au bureau, la majorité des indiens ont un tatouage, mais de ce que j’ai pu voir, peu d’entre eux ont une connotation religieuse, et sont plus, à l’instar de ceux que l’on voir en Europe, un élément décoratif “à la mode”.
Mais pas d’inquiétude pour la famille en France, loin de moi l’idée de sauter le pas