Dans notre âme de cinéphile, Zack Snyder résonne comme un appel. On rentre toujours dans la salle avec l’espoir d’un grand film, et on ressort déçu en se rappelant que le bonhomme, malgré une réalisation irréprochable, manque toujours de profondeur. Esthétiquement, l’émerveillement est toujours là mais l’homme n’a rien d’un grand conteur. Son oeuvre entière, est innervée par l’influence comics, le rendait inévitable pour dépeindre la naissance de la ligue des justiciers. Batman V Superman: L’aube de la Justice est un préquelle à Justice League que Warner Bros et DC Entertainment ont le bon goût, si rare chez Marvel, de présenter au public avant sa suite.
Alors qu’une commission du Congrès américain examine les problèmes éthiques que pose les agissement unilatéraux de Superman (Henry Cavill), Lex Luthor (Jesse Eisenberg que l’on a vu dans American Ultra) complote pour dresser Batman (Ben Affleck que l’on a vu dans Gone Girl) contre lui.
Superman (Henri Cavill)
S’il y a un point noir fondamental dans Batman V Superman: L’aube de la Justice, c’est bien que l’on peine à croire à Ben Affleck incarnant Bruce Wayne. Sa prestation semble absente de toute sincérité, fidèle à son personnage, rien ne semble l’atteindre. Sauf que Bruce Wayne n’est pas que Batman. Enfin, pas tout à fait. Bruce Wayne n’est pas que le chevalier noir, c’est aussi un enfant brisé par la mort de ses parents, coincé dans un corps d’adulte engoncé de responsabilité. Les fêlures de cet enfant ne sont pas mise à l’honneur même si les événements sont décrits avec un esthétisme macabre, de la part de Snyder, faisant la part belle, comme à son habitude, à un culte certain pour les armes à feu et la violence froide. On est très loin, concernant la caractérisation des personnages, et sa qualité, de The Dark Knight de Christopher Nolan dont la réalisation était certes moins chiadée, moins conforme à l’esprit bande-dessinée mais dont le Batman était rongé par des tourments psychologiques très profond.
Perry White (Laurence Fishburne)
Face à lui, dans Batman V Superman : L’aube de la justice, Superman fait aussi pâle figure que son Némésis temporaire, devenant tout à fait mièvre lorsque Lois Lane (Amy Adams que l’on a vu dans American Bluff) est dans les parages, sans prendre davantage d’envergure lorsque son devoir l’appel, faisant vaguement savoir qu’il souffre de sa situation de surhomme incompris par les humains et orphelin culturel. Dans un cas comme dans l’autre, les deux acteurs n’arrivent pas à nous convaincre de la complexité supposée de leur personnage. C’est tout le problème de Snyder qui ne crée que des personnages archétypaux, tout à fait cinégéniques mais sans aspérité. C’était déjà le problème principal de Sucker Punch, à la fois très beau et entraînant sans être émouvant pour une once. Au-delà de cet aspect, on peux tout de même saluer le savoir-faire technique du réalisateur et de son équipe dont chaque plan reste un plaisir pour les yeux. Notamment pour le combat final contre Doomsday, il réussit l’exploit de filmer des scènes à l’apparence très traditionnelle mais dont le découpage et un montage soigné donne l’impression concrète de suivre l’histoire comme on lirait l’oeuvre de Gardner Fox et Mike Sebowsky.
Martha Kent (Diane Lane)
Dépassé par le statut mythologique de ses héros, Zack Snyder échoue à les humaniser et sombre malheureusement dans la caricature. Batman V Superman : l’aube de la Justice reste très agréable pour les mirettes mais il lui manque un sérieux suppléments d’âme pour devenir inoubliable.
Boeringer Rémy
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