La sortie du troisième épisode des aventures de Godefroy de Montmirail et de son comparse Jacquouille la Fripouille nous permet d'opérer un large flash-back couvrant une période de 23 ans entre la sortie de l'épisode 1, en 1993, et ce troisième avatar, qui n'a été que très peu présenté à la presse et aux médias en général, ce qui, d'habitude, n'augure rien de bon. Il en va des " Visiteurs " comme d' " Indiana Jones ", ou, en remontant dans le temps, comme du " Parrain " de Coppola... Il n'est pas facile, si on laisse passer une période de plus de quinze ans entre un épisode 2 et un épisode 3, de retrouver toute l'énergie des débuts il apparaît assez hasardeux de réchauffer des cendres froides.... En cinéma comme en amour.
Mais, de critique des " Visiteurs 3 ", il n'y aura pas ici d'une part parce que, à l'instar de la grande majorité des critiques (professionnels ou amateurs), votre serviteur n'a été invité à aucune projection de presse, et donc n'a pas vu le film, mais aussi parce que, pour ce type de production, l'avis positif ou négatif de la personne qui fait le " papier " a une influence totalement nulle sur l'envie du public de se presser dans les salles... ou de les déserter.
En 1993 il se produit deux phénomènes : l'énorme succès des " Visiteurs 1 " (11 millions d'entrées France, un succès analogue à " Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? " sorti il y a deux ans) : les campagnes de lancement des films deviennent très professionnelles, la Gaumont sait lancer les comédies populaires, et les étudiants des Sup de Co commencent à faire carrière chez les distributeurs de films... Et, par ailleurs, dans un paysage général très poussif (seulement 130 millions d'entrées dans les salles cette année-là), apparaît le premier " multiplexe " à La Garde, près de Toulon : douze salles. Voulu par Jérôme Seydoux, frère de Nicolas qui dirige la Gaumont, il tient, en tant que nouveau propriétaire de Pathé, à marquer son territoire, à lancer le cinéma dans une nouvelle ère.
L'avenir lui donnera raison : il y a plus de cent multiplexes en France actuellement, la fréquentation a dépassé 200 millions d'entrées depuis les années 2010, et le cinéma français s'est hissé depuis longtemps au niveau des Major Companies quand il s'agit d'efficacité commerciale. Alors, évidemment, la bataille médiatique a été rude avec les salles indépendantes telles que, à Toulouse, l'Utopia ou l'ABC, qui ont lutté avec force contre ce qu'ils appelaient ces " supermarchés du cinéma ", dans lesquels la vente de pop-corn est ... encouragée ! Mais tout le monde a fini par trouver son espace, et ces salles indépendantes sont inégalables quand il faut défendre un petit bijou comme " Les ogres ", dont je vous parlais il y a deux semaines parce que " Les ogres + le pop-corn "... Non, ça le fait pas !
christian.seveillac@orange.fr