Il semble que vous y prenez goût. Voici un nouvel extrait de la correspondance d' Alexandra David-Néel , la célèbre aventurière, à son mari, Philippe Néel. La guerre sévit, qu'elle vit à distance, en sa lointaine Asie. L'occasion d'une belge nostalgie à l'égard d'un pays qui l'a vue grandir...
Nous ne pouvons nous empêcher de vibrer à ces évocations...
Lachen Gömpa, 25 novembre 1914
(…) Ah ! tu dis vrai quand tu parles de ma tristesse en songeant à la pauvre petite Belgique. Pense que je connais presque tous les endroits dont les noms obscurs paraissent dans les journaux. Ce sont parfois de minuscules bourgades, mais à beaucoup d'entre elles sont attachés, pour moi, des souvenirs d'enfance. Pauvre Louvain, surtout. Je connaissais par cœur tous les pavés pointus dela ville. Et Malines! et Vilvorde! et Termonde ! et Bruxelles surtout où j'ai passé seize ans de ma vie, où est mort mon père! ...
Je ne puis imaginer, je ne puis admettre que les Allemands s'installent là. Le jeune roi se montre très brave à ce qu'il semble. Il doit avoir ses neveux dans les deux camps. Ses sœurs sont mariées l’une en France (la duchesse de Vendôme), l'autre en Allemagne, femme d’un Hohenzollern. (…)
Alexandra David-Néel. Correspondance avec son mari – Edition intégrale 1904-1941, Ed. Plon sept. 2000, 946 pp