Proposition de débat de Thierry Seveyrat

Publié le 14 juin 2008 par Korine
Je trouve dommage que l'on rejette un Traité parce qu'il serait "trop complexe", "qu'on y comprend rien" : cela signifie que les politiques ne font pas leur boulot, qui est de pédagogiser, synthétiser, clarifier, expliquer. Il est dommage que les peurs l'aient emporté sur la raison, le repli sur soi sur une démarche continentale, fédérale, communautaire. Car le risque, à rejeter la complexité pour elle-même, est de faire le lit de n'importe quel populisme, d'arriver à une paresse qui est déjà bien là, dans l'approche de la chose publique, aussi bien de la part de l'opinion que des acteurs politiques. Ce sont les fondements démocratiques qu'on amenuit, à chaque fois d'avantage, à jouer cette petite musique.
Car sur le fond, je maintiens que ce Traité, imparfait ce qui là aussi, est la base même et le fondement de l'exercice démocratique (seules les dictatures prétendent à la perfection), ce Traité regorge d'outils pour redonner à l'Europe, c'est-à-dire d'abord aux européens, une souveraineté, qui aujourd'hui, à être toujours rejetée pour une raison ou pour une autre, est laissée aux forces du marché, et aux acteurs internationaux plus puissants que nous. Ainsi du système de vote à la majorité qualifiée, d'un responsable à la politique étrangère, d'un président de la commission élu pour deux ans et demi, de la charte des droits fondamentaux, etc, etc.
Ce Traité est sur la table depuis 2001, avec le Traité de Nice qui était sa première ébauche (bâclée, tant par Chirac que par Jospin), on ne sort pas de cette spirale depuis, le Traité devait déjà être mis pleinement en oeuvre entre... 2014 et 2017 (pour la double majorité au sein de la Commission), pourquoi pas encore plus tard, maintenant, et avec un Traité encore amoindri ?

Car la souveraineté, sur bien des sujets y compris sociaux ou environnementaux, cela fait belle lurette qu'elle ne s'exerce plus au niveau des nations, et que "la volonté d'un peuple de se réapproprier son destin" n'est qu'une chimère si elle n'est envisagée que nationalement. On peut en effet attendre 2040 pour se dire qu'il faudrait se donner des outils d'intervention politique au niveau communautaire...

A vous de réagir... le débat est lancé