Le McKinsey Global Institute a publié une colossale étude sur la croissance mondiale à l'horizon 2030, en s'appuyant sur la réalité démographique qui va façonner la consommation mondiale et en mettant l'accent sur les grandes villes dont les habitants vont générer 91% de la croissance de la consommation dans les 15 prochaines années. En effet, les consommateurs des grandes villes représenteront 81% de la consommation mondiale extraordinairement concentrée dans une trentaine de mégapoles susceptibles de générer un quart de la croissance, pendant qu'une centaine d'autres villes seront responsables de 45% de cette croissance. Par ailleurs, l'institut pointe que 6% des grandes villes, surtout dans les pays développés, connaissent déjà un déclin sur le plan démographique, pendant que d'autres, dans les pays émergents en particulier, croissent très fortement.
Entre une démographie qui ralentit et une population qui vieillit -autre paramètre clé de la consommation-, il est important de savoir quels produits et services privilégier et développer. Jusqu'à la fin du siècle dernier (c'est-à-dire hier...), plus de la moitié de la croissance de la consommation mondiale a été assurée par un nombre conséquent de consommateurs dû à une augmentation de la population ; un phénomène en passe de s'achever à l'horizon 2030, puisque le développement démographique va ralentir et donc générer seulement 25% de la croissance mondiale de la consommation.
D'après MGI, plus de la moitié des grandes villes du monde aura moins de jeunes adultes (de 15 à 29 ans) qu'aujourd'hui, quant aux plus de 60 ans dans les pays développés, ils vont passer de 164 millions d'individus à 222 millions en 2030 qui dépenseront en moyenne $39.000 par an, contre $29.500 en moyenne pour les 30-44 ans. Ce groupe va générer 51% de la croissance de la consommation urbaine soit $4.400 milliards dans les années 2030. Conséquence de ce vieillissement, les dépenses se déplacent vers les services (transports, loisirs, voyages, etc.), mais aussi -sans surprise !-, vers une augmentation très forte des dépenses de santé. Mais MGI temporise, soulignant " qu'il n'y a pas que les dépenses de santé qui sont importantes pour ces consommateurs : entre 2015 et 2030, les plus de 60 ans, aux États-Unis par exemple, devraient contribuer à 40% ou plus de la croissance de la consommation dans des catégories telles que les soins personnels, le logement, le transport, le divertissement et la nourriture et les boissons alcoolisées. " Les plus de 60 ans apprécient le bien vivre...
Autre groupe dynamique : les consommateurs en âge de travailler en Chine (âgés de 15 à 59 ans). Leur nombre augmentera de 20%, soit 100 millions d'individus, et leur consommation devrait plus que doubler en 2030 passant de $4.800 par personne et par an à $10.700 en 2030. Ces consommateurs sont si nombreux et leurs revenus en hausse si rapide qu'ils ont le potentiel de remodeler la consommation mondiale, autant que la génération des baby-boomers dans les pays développés qui est la plus riche génération que l'histoire ait connue, signale les auteurs de l'étude.
Idem pour les travailleurs américains (âgés de 15 à 59 ans) qui, si elle va croître modestement de 7%, leur consommation va augmenter de 24%. Quant à l'Europe vieillissante, elle va continuer à patiner à la remorque d'une Chine toujours conquérante et des Etats-Unis toujours dynamisés par une économie tournée vers les nouvelles technologies.
C'est dans ces deux régions du monde que 315 grandes villes sont susceptibles de contribuer à plus de 40% de la croissance de la consommation mondiale ! Et dans le top 32 des mégapoles qui fleurissent ici et là, MGI en recense 12 en Chine (Beijing, Chengdu, Chongqing, Guangzhou, Hangzhou, Hong Kong, Nanjing, Shanghai, Shenyang, Shenzhen, Tianjin et Wuhan), 11 aux États-Unis (Atlanta, Boston, Chicago, Dallas, Houston, Los Angeles, Miami, New York, Phoenix, San Francisco, et Washington DC), 2 en Amérique latine (Mexico et São Paulo), 2 au Japon (Osaka et Tokyo), 2 en Inde (Delhi et Mumbaï), 1 en Indonésie (Jakarta), 1 en Turquie (Istanbul) et une seule en Europe occidentale qui recense pourtant plus de 500 millions d'habitants : Londres ! La consommation de la capitale britannique va bondir et passer de $367 milliards aujourd'hui à $1.037 milliards en 2030, quand Paris passera de $312 milliards à seulement $384 milliards... Un ralenti plus qu'inquiétant : la France (et d'autres pays européens) ne parvient plus à créer de richesses, étranglée par un Etat prédateur provoquant par ricochet une attractivité bien molle...
Image : © MGI