Cet engouement au guichet de l'office de tourisme est logique : tout d'abord la marche est de plus en plus pratiquée, et notamment dans le cadre des vacances. Et puis il n'existe pas encore de major sur Internet qui se soit imposée dans le domaine de la balade. Le booking.com de la randonnée n'est pas encore né (mais peut-être que ça ne saurait tarder). Aussi l'information en ligne est émiettée, parcellisée, difficile à saisir. Si des topoguides de randonnées existent, ils sont souvent trop complets pour la demande d'une famille qui va faire seulement une ou deux balades durant son séjour. D'où le succès des topofiches, et des nombreuses demandes au guichet!
Quant aux applications de randonnée, les Wikiloc, Cirkwi, Openrunner et autres applications régionales, elles sont utilisées de façon autonome par des randonneurs spécialistes. et de façon majoritaire, le public associe l'utilisation d'une application de randonnée à du papier. Les médias se superposent mais ne se remplacent pas.
Une demande à l'accueil se traite aussi sur le site Internet!
Je suis encore stupéfait de voir que des demandes récurrentes à l'accueil ne génèrent pas de réponses sur le site Internet du territoire. Et la randonnée est une demande récurrente. Lorsque le site internet est construit à partir d'une base de données de prestataires, on " SITise " les rubriques, et au bout de cinq clics pour trouver des propositions de randonnée, l'internaute aura comme info l'adresse du prestataire local qui propose des randonnées accompagnées.
Certes, louer un âne bâté pour une semaine de rando, c'est sympa, mais pas suffisant, et surtout pas en phase avec la demande. La majorité des internautes cherchent juste la bonne vieille topofiche à imprimer avant de partir en balade!
Démonstration en trois copies d'écran :Sur ce nouveau site d'office de tourisme, sorti au mois de mars, la homepage invite vraiment à la randonnée.
La rubrique dédiée présente des accompagnateurs et des hébergements mais aussi une partie topoguide
Las! arrivé là, on ne trouve que la liste des topoguides existants (et encore, on ne sait pas où les trouver), sans aucun moyen de repartir avec un outil concret pour préparer sa balade de façon autonome! Pas de téléchargement de fiche PDF, pas plus que de trace GPX à embarquer sur son GPS ou son smartphone.
La topofiche randonnée gratuite, c'est un geste d'accueil...
Certes, des collègues m'ont souvent rétorqué que la vente de fiches randonnées à 1 euro l'unité est essentielle pour la survie budgétaire de la structure... mais si on investissait juste dans ce geste d'accueil basique qui est de répondre à la demande... Et si l'on offrait les fiches de randonnée, a minima sur le site web!
Heureusement, une majorité de sites Internet d'offices de tourisme se sont adaptés à cette demande de base des visiteurs.
Un exemple, sur le site Internet de la Vallée d'Ossau, également dans les Pyrénées, les 25 randonnées du topoguide sont disponibles en téléchargement gratuitement.
A noter que le téléchargement du PDF est doublé de la possibilité de récupérer le fichier GPX. Indispensable pour les clientèles de randonneurs confirmés souvent équipés d'applications spécifiques ou de GPS.
Penser client, uniquement client...
L'exemple du récent site de Seignosse, station balnéaire des Landes, est intéressant dans son architecture qui est vraiment orientée expérience usager. Ainsi, le menu, entre autres rubriques, propose " Mes envies "
Remarquez : on n'est pas sur une rubrique " randonnées " car ce n'est pas la façon dont est formulée la demande en bord de mer. On parlera de " balade ". Lorsque l'on déplie le menu me balader, on s'aperçoit que marche est associée également à running. Une pratique forte sur ce territoire.
Les circuits qui sont proposés illustrent d'ailleurs le positionnement. Ici, pas de trace GPX, mais des indications et des PDF en téléchargement pour un nombre limité de propositions, eu égard à la pratique du séjournant : en vacances à la mer, notre client ne passe pas ses journées sur les chemins!
Remarques que dans l'offre, le circuit " footing " de 5 kilomètres côtoie " le tour du lac " ou le " circuit rouge de la palombière ".
En conclusion, je pense que la proposition détaillée, pratique, généreuse de balades et de randonnées est encore un vrai élément de différenciation pour l'office de tourisme. Tant que cette fonction n'a pas encore été totalement ubérisée, profitons-en!
Avez-vous des exemples, des témoignages à nous faire partager?
Jean Luc Boulin est directeur de la Mission OTSI et Pays Touristiques d'Aquitaine (MOPA). Cette structure, unique en France, regroupe les Pays Touristiques et les Offices de Tourisme d'Aquitaine. Elle est soutenue par le Conseil Régional. Trois missions principales lui sont confiées : la structuration touristique des territoires, la qualité et la professionnalisation. Dans ce cadre là, la MOPA assure une veille permanente sur le etourisme et accompagne des expériences dans son réseau. Directeur de l'office de tourisme de l'Entre-deux-Mers (Gironde) et du pays d'accueil touristique du même nom pendant plus de dix ans, Jean Luc Boulin dirige la MOPA depuis sa création en 2003. Le manque de source d'information au même endroit sur le etourisme institutionnel et le besoin d'échanger sur cette formidable mutation du métier des offices de tourisme vers l'Internet ont donné l'idée à Jean Luc Boulin de créer ce blog "etourisme.info", qui se veut être le creuset de l'etourisme institutionnel sous toutes ses formes. Jean-Luc Boulin est également enseignant en Master Tourisme AGEST (aménagement et gestion des sites et territoires touristiques) à l'université de Bordeaux 3.Le site Internet de la MOPA. |Email : jlboulin at etourisme.info (cette adresse apparait en toute lettres pour éviter les robots). |Twitter : @JeanLucBoulin