Sonja Delzongle : Quand la neige danse

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Quand la neige danse  de Sonja Delzongle  4/5 (28-03-2016)

Quand la neige danse   (430 pages) sort le 1er avril 2016 dans la collection Sueurs Froides des éditions Denoël.

L’histoire (éditeur) :

Février 2014, au nord de Chicago. La neige et le blizzard semblent avoir pétrifié la petite ville de Crystal Lake. Un matin, le médecin Joe Lasko reçoit un paquet. Y repose une magnifique poupée aux cheveux longs et roux, sosie de sa fille Lieserl disparue depuis plusieurs semaines. Comble de l'horreur : la poupée est vêtue exactement comme Lieserl le jour où elle s'est volatilisée. 
Ce n’est pas tout. Depuis un mois, quatre fillettes ont été enlevées, et chacune des familles va recevoir une poupée. Joe, jeune divorcé, décide de mener sa propre enquête, aidé par une détective privée dont il était secrètement amoureux des années plus tôt. Conscients que l'affaire les dépasse, tous deux appellent à l'aide Hanah Baxter, la célèbre profileuse, et son inséparable pendule. Quelque part dans Crystal Lake, depuis très longtemps, quelqu'un s'en prend aux enfants. Les détient-il prisonnières? Sont-elles encore en vie? 

Mon avis :

Alors que Dust vous brulait les doigts, Quand la neige danse vous glace le sang.

Alors que Dust vous entraînait dans une intrigue richement documentée (un poil journalistique) basée en grande partie sur la réalité et mêlant culture africaine inquiétante et enquête policière  haletante, Quand la neige danse nous plonge dans un scénario de thriller plus classique (disparition de fillettes) et néanmoins tout aussi prenant.

Alors que Dust… Bon ça suffit là les comparaisons. Dust m’avait beaucoup plu (d’ailleurs si vous ne l’avez pas encore lu, je vous conseille de la faire. Il sort en poche le 1er avril, alors plus d’excuse) et je ne suis pas du tout déçue de ce nouveau roman, car Quand la neige danse m’a plu presque tout autant.

Alors oui Sonja Delzongle  change de sujet (encore heureux !) et oui elle change de contrée (et là ça me va très bien aussi), mais elle maîtrise tout aussi bien et jusqu’au bout son intrigue (dont le dénouement est bien difficile à soupçonner tant les ramifications apportent leurs lots de surprises) et surtout elle conserve cette plume alerte (descriptive sans trop l’être) qui vous entraîne naturellement à Crystal Lake, petite localité glaciale de l’Illinois.

Ah oui, j’oubliais…elle nous donne aussi ici l’occasion de renouer avec la protagoniste atypique de Dust : Hanah Baxter, profileuse au pendule encore un  peu fragile (papa ne peut quitter son esprit, et on comprend pourquoi…) mais  qui devient un peu plus « sage ».

Bon, parlons peu, parlons bien. Pourquoi vous devriez lire Quand la neige danse ? Parce que même si l’histoire commence avec un élément récurrent dans la littérature  noire (l’enlèvement de fillettes), elle ne donne par la suite pas du tout l’impression de déjà vu. Les éléments qui viennent s’y greffer la rendent unique, de plus en plus inquiétante et captivante. Par le biais de divers points de vue (toujours d’une écriture à la troisième personne) et de plusieurs flashbacks, on a l’occasion de découvrir beaucoup de choses  mais on reste vraiment loin de comprendre le pourquoi du comment. Les fragments de réponses prennent leur temps pour être dévoilés, et à mesure que les choses se développent (sans que rien de n’éclaircisse véritablement) l’histoire prend un tour un peu plus dérangeant, tout en gardant le suspens intacte.

L’auteure choisit comme fondation des sujets particulièrement sensibles et accablants autour de l’enfant (maltraitance, pathologies psychologiques de tout forme) qui mettent mal à l’aise, parce que encore une fois réels et véridiques. Elle touche ainsi l’affect du lecteur qui tantôt visualise l’horreur tantôt l’imagine.

Même si la fin, pleine d’action et de rebondissements, m’a donnée quelques suées, Quand la neige danse m’a bien refroidie (on les sentirait presque ces  moins 20 degrés), et ce n’était pas sans plaisir.

Bien que Hanah Baxter (pour moi copie conforme de Sonja Delzongle, c’est comme ça que je l’imagine, je ne l’explique pas) soit un peu en retrait ici, j’ai été contente de l’y retrouver. Et maintenant je suis impatiente de la recroiser. J’espère que ce nouveau titre annone le début d’une belle et longue collaboration : Sonja à la plume et Hanah au pendule !