Aujourd’hui, j’ai marché au milieu du printemps.
Les hauts fûts noirs forestiers étaient encore perdus dans l’hiver, mais à leurs pieds les jeunes arbres rivalisaient de feuilles et de bourgeons. La jeunesse insouciante dit toujours la vie mieux que personne…
Il faisait chaud, incroyablement chaud, pour la première fois depuis les équinoxes de septembre.
Dans une prairie, un cheval fou s’est roulé dans l’herbe et la poussière, ivre de bonheur. Il savait, le bougre, que l’avenir lui appartenait puisque la grande nuit reculait pas à pas, la grande nuit du froid et de la mort.
Point d’oiseaux encore pour s’étonner de la nouvelle douceur, mais quelques insectes furtifs et tenaces qui déjà cherchaient l’emplacement d’un nid éventuel. Ainsi va la nature, inépuisable et optimiste, toujours à recréer la vie, la vie changeante et mouvante en éternel recommencement.
Aujourd’hui, j’ai marché dans tous les printemps et j’en ai presque oublié les souvenirs anciens de mes amours perdues.
Sans doute toi aussi marches-tu quelque part, remplie de bonheur et oublieuse des vieux hivers. Sans doute toi aussi as-tu compris que la vie est changeante et mouvante et que les lendemains seront forcément différents.
Seuls les hauts fûts noirs sont restés dans l’hiver et ne sont pas près d’en sortir.
Photo personnelle 03.04.16