Les Mystères de l’estampe
Techniques de la gravure en creux et en relief
Nous sommes allés filmer les gestes immémoriaux de la gravure à l’Atelier des Beaux-Arts Sévigné. Notre article didactique, mêlant textes, images et vidéos, décortique les techniques de l’estampe et révèle leurs particularités. Le burin, la manière noire, l’eau-forte, l’aquatinte, la gravure au sucre et la linogravure n’auront plus de secret pour vous !
Plan du dossier :
L’impression
La gravure en creux : techniques sèches
(burin, pointe sèche, manière noire, etc.)
La gravure en creux : procédés chimiques
(eau-forte, aquatinte, gravure au sucre)
La gravure en relief (la linogravure)
Nous tenons à remercier Pierre Lancelin et l’Atelier Sévigné de leur précieuse collaboration.
COMMENÇONS PAR LA FIN : L’IMPRESSION
Pour bien comprendre la grande variété des logiques qui distinguent les différentes techniques de la gravure, il nous a semblé pertinent de commencer par leur aboutissement : le tirage de l’estampe sous une presse.
Courtesy de Frédéric Chaume, tous droits réservés
Une idée répandue consiste en effet à penser que l’impression d’une gravure obéit à la même logique qu’un tampon. C’est le cas de la gravure en relief (voir plus bas) mais il en va autrement dans les techniques de taille-douce que nous allons étudier d’abord.
Le graveur entaille sa matrice et l’encre va se loger au fond des cavités. Les parties « en creux » qui contiennent l’encre marqueront donc l’estampe en noir. Les parties intactes resteront en blanc.
De même qu’en photographie, le tirage est un métier en soi. De nombreux graveurs n’impriment que leurs bons à tirer. Lorsqu’ils sont satisfaits du résultat, ils s’adressent alors à un professionnel du tirage qui leur imprime plusieurs épreuves identiques.
LA GRAVURE EN CREUX : LES OUTILS DE TAILLE DIRECTE
La taille directe consiste à graver la matrice directement à la main, sans recours à un produit chimique ou à un vernis. Les possibilités sont infinies ! Les matrices peuvent être en cuivre, en zinc, en plastique, etc. Et tous les outils sont éligibles, du moment qu’ils peuvent entailler, griffer ou cribler la plaque.
Courtesy de Kathie Lebrun, tous droits réservés
Le choix d’un outil n’est cependant pas anodin car les effets sont très variés et la plupart des graveurs sont assez exclusifs. Le burin a toujours été considéré comme la technique la plus noble. C’est également la plus exigeante : le tracé est obligatoirement linéaire et le buriniste est obligé de moduler ses hachures pour restituer les différentes nuances de gris.
Dans toutes ces différentes « techniques sèches », la principale difficulté réside dans les transitions. Les corrections sont possibles, mais elles supposent de bien connaître le médium car le métal ne se laisse pas toujours reprendre lorsqu’il a été entamé.
La pointe sèche se caractérise par la finesse de son tracé et par le velouté du trait, lié au fait que l’outil laisse une « barbe » de métal qui accroche l’encre.
Paul-César Helleu, Le visage encadré, vers 1900
© Les Amis de P.C. Helleu / photo G. Poncet
Le burin creuse plus profondément la plaque que la pointe sèche et sa forme permet de moduler l’épaisseur de l’entaille pour obtenir des nuances. Il ne laisse pas de barbe, son tracé est plus net.
Claude Mellan, La Sainte Face, 1649
La manière noire inverse les valeurs : le fond est entièrement hachuré à l’aide d’un berceau et les blancs sont obtenus avec un brunissoir, qui repolit la plaque.
Frye Thomas, Tête d’homme coiffé d’un turban
Courtesy The Metropolitan Museum
L’IMPRESSION EN CREUX : LES TECHNIQUES CHIMIQUES
La suite de cet article sera accessible en ligne à partir du 10 avril 2016
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