Première lecture d’un roman de Mabanckou, petit piment est un roman étrange, difficile à qualifier. Il est divisé en plusieurs parties, les 2 premières sont réalistes je dirais mais les dernières semblent plutôt issues d’un conte. On suit les aventures d’un jeune garçon et son évolution. Abandonné à la naissance, on l’a surnommé petit piment, je vous laisse découvrir pourquoi alors que son nom de baptême donné par un prêtre catholique Père Luputo était le Moïse noir.
On suit les difficultés de sa vie à l’orphelinat, son amitié avec un jeune garçon Bonaventure, leurs exploits, leurs amours du chant, la volonté de bien faire. Il évoque aussi la violence et la brutalité du directeur, des gardiens. Mais aussi la corruption, la mise en place de la révolution socialiste et les conséquences pour le père Luputo qui disparait du jour au lendemain. Quelques personnages féminins émergent comme Sabine la seule figure maternelle, Mama Fiat 500 qui le recueille plus tard. Des personnages haut en couleur comme les enfants terribles, les jumeaux qui vont le mener jusqu’à Pointe noire. La prostitution, la vie dans les bas quartiers où délinquant et prostitués se côtoient sont bien décrits.
Le racisme, les coups de force du maire, du président montre aussi la violence de la politique africaine. Les traditions avec les esprits, les coutumes alimentaires de chaque peuple sont aussi retranscrits. On se prend d’affection pour le personnage principal, intelligent, débrouillard et gentil qui se prend pour robin des bois. Il lutte pour sa survie et souvent dans des vents contraires. La dernière partie complètement dingue fait ressortir une autre dimension du personnage. La misère est terriblement retranscrite. Un roman à la fois gaie car petit piment est un personnage plein de ressource, de contradiction et nostalgique quand il est désespéré, qu’il cherche à se souvenir.
La fin du roman laisse un gout amer mais c’est une jolie fable moderne. J’ai apprécié l’écriture imagée, les descriptions, la plongée dans cet univers différents. J’ai aimé cheminer et voir l’évolution du personnage même si parfois le côté conte voire caricatural est un peu gênant. Le côté loufoque devient de plus en plus important dans la dernière partie du récit ce que je trouve dommage. J’ai apprécié la critique sous jacente de la politique africaine, de la corruption, de la violence sociale et de la misère.
Mais j’ai passé un bon moment de lecture donc découvrez petit piment et ses tours.