Sagan

Initialement prévu pour être un téléfilm, Sagan bénéficie aujourd'hui d'une sortie en salles avant sa diffusion sur France Télévisions dans quelques semaines. Forcément, à l'heure où on reproche à de plus en plus de productions françaises de souffrir d'une "réalisation de téléfilm", ce biopic suscite bien des craintes. Mais le personnage fort de Sagan et la présence de Sylvie Testud restent autant de belles promesses. Verdict ?

La critique  

 Biopic simple et attachant pour femme d'exception

Françoise Sagan (Sylvie Testud) , vie et mort, amour, amitiés et solitude. Dès l'âge de 18 ans , la jeune Françoise accède à la reconnaissance avec la publication de son roman Bonjour Tristesse. A peine entrée dans l'âge adulte, elle se voit devenir la cible des médias, intrigués par la vie quelque peu mouvementée qu'elle mène. Entourée d'une bande d'amis connus lors de soirées plus ou moins mondaines (qualifiés par beaucoup de "pique assiettes") , Françoise aime librement, souvent au risque de se faire mal. La liberté est d'ailleurs ce qui semble caractériser au mieux une femme qui a eu peu de tabous dans sa vie. Elle aime, elle boit, elle se drogue, elle partage, elle créé, elle angoisse...D'un premier mari (Denis Podalydès) dont elle espérait beaucoup d'amour, elle ne récolte au final que de l'indifférence. Puis voilà qu'elle met au monde son premier et unique enfant, issu d'une romance avec un américain qui plus tard la délaissera pour un homme. Elle aurait pu être dévastée, mais Françoise semble aller d'amour en amour sans contrariétés, avec tolérance et curiosité. Les hommes finissent par laisser place aux femmes. Si au départ Sagan semble plus ou moins refouler ses amours lesbiens, elle finit par définitivement assumer la chose lorsqu'elle croise Peggy Roche (Jeanne Balibar), le grand amour de sa vie. Mais sa dépendance croissante pour la drogue et ses caprices, associés à un travail aussi exigeant que déroutant, seront source de bien des conflits avec tous ceux qu'elle aime. Dès les premières minutes du film nous découvrons une Françoise Sagan, vieille et malade mais surtout très seule. Peut être la pire des punitions pour une femme qui aimait tant être entourée et appréciée. Comment en est-elle arrivé là ?

Résumer la vie d'une personnalité en 1h50 n'est pas une chose aisée. Si les inconditionnels de "La Sagan" trouveront ce biopic un peu trop vague, il a au moins le mérite de se focaliser sur ce qui fait que le personnage est resté dans les mémoires: son excentricité et ses amours contrariés. Une vie de sentiments, de chance, d'excès, de rencontres et de passion. On peut dire que Diane Kurys nous gâte du côté du divertissement et cela sans jamais tomber dans le racoleur. Sagan est un film très sage visuellement parlant (certains diront académique) , où n'apparait aucune scène de sexe explicite et où les émotions sont finalement très intériorisées. Comme un contraste à l'extravagance de son personnage/sujet, la réalisatrice a opté pour la sobriété et tenté la subtilité. Un choix judicieux qui donne à son oeuvre un charme certain et discret. Les regards sont forcément rivés sur Sylvie Testud qui accomplit là une véritable performance. Si lors de ses premières apparitions on a un peu du mal avec son approche très maniérée et appuyée du personnage, au final on s'y habitue et on la trouve assez proche et représentative du personnage public Sagan.

Sans bousculer quoi que ce soit dans la forme, assez linéaire, ce nouveau biopic séduit sur la durée grâce à une écriture piquante et des personnages auxquels on s'attache beaucoup. A noter une certaine audace du côté du casting qui réunit Sylvie Testud, Jeanna Balibar, Arielle Dombasle et Pierre Palmade. Tous les acteurs sont excellents et apportent leur propre couleur à une oeuvre certes très synthétique mais fidèle. Gloire et décadence, amours et désillusions, Sagan est surtout le récit d'une vie qui parlera au plus grand nombre. Lors de sa dernière demi-heure le film prend son envol en évoquant les questions liées à la solitude, la mort, le souvenir, la transmission. Cette femme intelligente finira clouée sur son fauteuil roulant, abusée par une fausse amie bourgeoise qui la traite moins bien qu'un animal. L'émotion est au rendez-vous (le final avec le fils, délaissé tout le long, est assez poignant) et on ressort assez chamboulé après ces 1h50 de vie, de drame et de comédie. Un biopic simple sur une femme d'exception.

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