L’arrivée du printemps signe un grand renouveau au sein de l’Académie Goncourt. En effet, les dix membres de la prestigieuse institution se sont réunis il y a quelques jours pour statuer sur le sort d’un tout nouveau système de sélection…
Jusqu’à présent, l’élection du prix Goncourt était réalisée oralement au début du mois de novembre, lors d’une confrontation entre les différents membres du jury, réunis pour l’occasion. Au tour à tour, chacun exprimait son vote et le vainqueur était élu à la majorité absolue, après de longs et vigoureux échanges.
Quelques semaines à peine après l’entrée de Virginie Despentes et d’Eric-Emmanuel Schmitt dans le jury, il semblerait qu’un autre personnage rejoigne cette équipe de choc. C’est justement Eric-Emmanuel Schmitt qui a émis lors de la dernière cession du jury, chez Drouant, son souhait de faire intervenir la technologie dans le système du prix. Voici un extrait de la déclaration faite par l’écrivain à la presse, le 18 février dernier :
“L’Académie Goncourt est une superbe entité, mais il faut bien reconnaître que cette institution est quelque peu vieillissante. A l’heure du numérique et du tout connecté, il me semble invraisemblable de passer à côté du virage que prend notre société. De plus, n’étant qu’au nombre de 10, il est parfois difficile de lire tous les textes éligibles au Prix. Le plus simple, serait qu’un algorithme puisse effectuer une première sélection parmi les titres. Nous pourrions ainsi chacun nous concentrer sur seulement deux ou trois livres et être plus efficaces dans notre choix.”
Surprenante, l’idée de l’écrivain est loin d’avoir décontenancé son audience. Il n’aura fallu que quelques minutes d’échanges pour que l’assemblée entière approuve ce renouveau, nous confie Marjolène, une employée de chez Drouant.
Françoise Chandernagor a même confié aux journalistes à la fin de la séance “Je suis surprise de n’avoir pas moi-même eu cette superbe idée!”
Lancés sur la voie du numérique, l’Académie Goncourt s’est rapidement vue contactée par un laboratoire américain, le Massachusetts Institute of Technology, qui lui proposait de tester un tout nouveau prototype d’algorithme. Le système créé par les Américains fonctionne selon le principe du “degré de similarité”.
Plus exactement, chaque membre du jury devra présenter à ce nouveau type de scanner, une sélection de ses 5 titres favoris, tous genres confondus. Une fois qu’elle les aura scannés, la machine sera capable d’en relever les caractéristiques : genre littéraire, syntaxe, niveau de langage etc… Une fois les préférences de chaque membre du jury enregistrées, les ouvrages éligibles au prix n’auront plus qu’à être scannés par la machine. Le livre ayant le plus haut degré de similarité avec un maximum de ces “indices de préférences” préalablement établis par la machine, sera finaliste.
Victor de Bus, le directeur adjoint du Centre National du Livre, partenaire historique de l’Académie Goncourt a également validé cette décision :
“Je suis ravi de la direction que prend l’Académie, qui vieillissait chaque jour un peu plus. Je ne vois pas pourquoi des humains se chargeraient de juger de la qualité syntaxique d’un texte alors qu’une machine peut s’en occuper. Grâce à cette révolution, davantage de titres pourront être soumis au jury, laissant davantage de chance à des auteurs moins connus du grand public ainsi qu’aux petites maisons d’édition.”
Une décision similaire concernant le Goncourt des Lycéens n’a pas encore été abordée par l’Académie. Affaire à suivre…