(anthologie permanente) Swantje Lichtenstein (par Jean-René Lassalle)

Par Florence Trocmé

Si alors maintenant
la première phrase faite, rétrogradé
le roc aux môles à multiples méandres
se heurte, s’enfonce dans de froids immobiliers,
simulant aux créanciers perdus
susurre, mais du plus petit souffle
de chou ou rave, râpée de patates, pâtisseries
ou parallèles ne veut rien
doux, doucement
pense quelqu’un, et qui le comprendrait,
puisque justement les enfants s’en
mêlaient, jouaient avec de minces
blessures, piétinaient au marais
plus avant, perdaient la boule et
s’écartaient béants,
doux, doucement
cela s’éclaircira, attends
prends une galette, jette-la
dis : ne dis rien
dans la boîte, pour les mauvais jours
la rate gît dans le pré,
miette de rein, parois gastriques,
surveille les zones sans souris.
Source : Swantje Lichtenstein, site poetenladen, 2011. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Wenn also jetzt
der erste Satz getan, zurückversetzt
der Fels an die schlingenreichen Molen
prallt, in kalte Immobilien zieht,
heuchelnd verlorenen Gläubigern
zu zischelt, dabei nicht einen Hauch
von Kohl oder Rüben, Puffern, Plätzchen,
oder Parallelen will
sachte, sachte,
denkt jemand, das verstehe wer,
gingen doch gerade die Kinder
vorne an, spielten mit kleinen
Wunden, stapften im Moor
herum, drehten ab und
klafften weit auseinander,
sachte, sachte
es wird sich klären, warte ab,
nimm ein Küchlein, wirf es
sag: sag nichts
in die Büchse, für schlechtere Tage
auf der Weide liegt die Milz,
ein Stückchen Niere, Magenwände,
achte die mauslosen Zonen.
Source : Swantje Lichtenstein, site poetenladen, 2011.
*
Résistance : Hora

Terre couleur de pleine lune, maison framboise au toit d’argent,
quelqu’un tend la main, déterre une lumière dans l’ombre.
Nous le récusons avec des mains bandées et
yeux de rusés paysans, piqûre dans la douceur,
attaquant, confus, agrippés, tonitruant,
car le cavalier de pierre bascule le taureau, du socle
culbuté dans le canal d’une conscience pinailleuse,
patine à la ligne, secoué d’un esprit bizarro,
aux andouillers pendulent les cervelles des langues,
avec mâchoire cliquetante et tête de bois
envoie la croix à l’enfant, couinant aigu
tu pars traverser la nuit puis fais demi-tour dans le jour.
Source : Swantje Lichtenstein, Horae, Verlagshaus Berlin  2012. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Widerstand: Hora

Vollmondfarbenes Land, Himbeerhaus mit Silberdach,
einer hält die Hand auf, buddelt Licht in den Schatten.
Wir widerlegen das mit bandagierten Händen und
bauernschlauen Augen, in der Sanftheit ein Stich,
greifen ein, verwirren, krallen fest, tönen rabiat,
denn den Stier schlägt der Reiter in Stein, vom Stuhl
gepurzelt in den Kanal des pingeligen Gewissens,
schliddert an der Linie, bebend mit kauzigem Geist,
am Zwölfender pendeln die Hirne der Sprachen,
mit klapperndem Unterkiefer und hölzernem Kopf,
schickst du das Kreuz dem Kind, grell quiekend
du brichst auf in die Nacht, kehrst um in den Tag.
Source : Swantje Lichtenstein, Horae, Verlagshaus Berlin  2012.   
*
# commentariat logique : dix-huit

Hegel découvrit que dans la science (de
la logique) une réécriture (« refonte »)
était devenue nécessaire. Quoiqu’en
sous-main. Au comptoir négociait
la coordination des rapports familiaux
mises en place et médiations. Pour lui ceci comptait
de nouveau pour rien.
*Sans aucun doute ma petite fille doit être, dit-il, l’erreur, en pérennité assurée. Pouvait pas marcher ainsi. Restait au lit toute la journée fixant des trous dans l’air qui semblaient ensuite déchirer le ciel en nuits de pleine lune. Pas question de penser au sommeil. Plutôt à des sommes et cisailles.
**Cf. plus haut
***Il cogna sur le chrono et fit une pause attendant. Elle continuait à jouer. Le fauteuil devint fou. La pendule tictaquait doucement dans le cerveau et la langue estompa l’abondance par l’insuffisance. C’est ce qu’on appelait po-ème. Pa-tience, pa-tience, haletait-elle, alterne aussi une fois les rythmes et les coups.
Source : Swantje Lichtenstein, Kommentararten, Verlagshaus Berlin  2015. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
# logisches kommentarium : achtzehn

Hegel befand, dass in der Wissenschaft (der
Logik) ein Umschreiben („Umschmelzung")
notwendig geworden war. Aber das nur unter
der Hand. Am Schanktisch verhandelte die
Koordination von Familienverhältnissen,
Aufstellungen und Mediation. Das galt ihm
wieder nichts.
* Fraglos soll mein Mädel sein, sagte er, der Fehler und bestand weiter. So ging das nicht. Lag den ganzen Tag herum und starrte Löcher in die Luft, die wiederum schienen in Vollmondnächten den Himmel zu zerreißen. An Schlafen war da nicht zu denken. An Scharen und Scheren vielmehr.
** Vgl. oben
*** Er schlug auf die Uhr und machte eine Wartepause. Sie spielte weiter. Der Sessel wurde verrückt. Die Uhr tickte leise im Gehirn und die Sprache verwischte Fülle mit Mangel. Das nannte man Gedicht. Geduld, Geduld, hechelte sie, wechsle die Tempi und die Schläge auch einmal ab.
Source : Swantje Lichtenstein, Kommentararten, Verlagshaus Berlin  2015.
Poèmes choisis et traduits par Jean-René Lassalle
voir ici sa présentation de Swantje Lichtenstein