Du 9 avril au 5 juin 2016 - Vernissage Samedi 9 avril 2016 -15h
" J'épuise les images, jusqu'à faire surgir quelque chose sur la toile.
Alors l'essentiel des choses apparaît. "
Anne Laure Sacriste peint des monochromes, des motifs de paysages, des détails de végétaux avec une qualité qui rappelle l'héritage de Poussin et d'Ingres. Inspirée par un classicisme récurent, elle s'intéresse particulièrement à la précision du réel et à ses brèches offertes à l'imaginaire. Sa peinture est comme une invitation à aller ailleurs, vers un temps suspendu, immobile, où le paysage - ou plutôt la mémoire du paysage- devient l'élément
L'artiste transforme la première salle en un espace domestique pour mieux servir son oeuvre éclectique. Peintures sombres et iridescentes mais aussi céramiques, cuivre gravé, dessins botaniques composent " une étrange scénographie silencieuse "1. Les dessins, d'une précision naturaliste, révèlent une chorégraphie de lotus. Un papier peint habille le mur du fond reprenant des motifs textiles floraux de William Morris
Entre minimalisme et symbolisme, les compositions avec les grandes peintures se répondent dans la dernière et vaste salle. Suivant d'où on le regarde, la perception du tableau varie de l'obscurité totale à la pure lumière, du minimal au décoratif, sans que jamais la pensée ne s'arrête, pour chercher à voir au-delà du visible, dans la profondeur des couleurs ou le surgissement des motifs. Un ensemble de bols en céramique occupe le centre de l'espace, comme une île flottante. Anne Laure Sacriste vient de passer
L'artiste déploie ce même type d'énergie avec tous les matériaux.
La rigueur de la composition, la vibration des teintes, la précision du détail, pourraient faire oublier le labeur, la lenteur et le tâtonnement. Or, dans cet univers de maîtrise, les Contrepoints, ces palettes ou martyrs d'atelier viennent souligner, en miroir, la paradoxale spontanéité du geste de faire. L'oeuvre d'Anne Laure Sacriste épouse et tresse ces deux mouvements : la capacité à l'émerveillement et la conscience d'une immense fragilité. Elle évoque alors une sorte de " dramaturgie de l'âme "2.
Martine Michard, commissaire de l'exposition