POLITIQUE > Réforme constitutionnelle : François Hollande se retire

Publié le 31 mars 2016 par Fab @fabrice_gil
Quatre mois et demi après les attentats de Paris -et une semaine après ceux de Bruxelles- François Hollande a retiré la réforme constitutionnelle sur l’état d’urgence et la déchéance nationale des terroristes.

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François Hollande à l'Elysée, le 30 mars 2016 I ©Pool / AFP Stephane de Sakutin


François Hollande "l’arroseur arrosé. Il voulait piéger la droite et cela se retourne contre lui". Le politologue Jérôme Fourquet (Ifop) se montre sévère envers le chef de l’État qui a officialisé, après avoir reçu les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, une information qui ne faisait plus guère de doute : il n’y aura pas de réforme constitutionnelle pour institutionnaliser l’état d’urgence et la déchéance de nationalité pour les terroristes. Le président de la République s’est rendu à l’évidence : sénateurs (majoritairement de droite) et députés (majoritairement de gauche) sont irréconciliables. "Un compromis paraît hors d’atteinte sur la définition de la déchéance de la nationalité pour les terroristes", constatant aussi qu’une "partie de l’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu’elle porte sur l’état d’urgence ou même sur l’indépendance de la magistrature"."C’est pas moi, c’est lui !"Une façon de renvoyer dans le camp de la droite la responsabilité du fiasco, une stratégie du "C’est pas moi, c’est lui" relayée dans l’après-midi par Manuel Valls à l’Assemblée : "La droite sénatoriale s’oppose à une mesure que les Français ont parfaitement comprise, l’extension de la déchéance de la nationalité", a martelé le Premier ministre. "Une mesure voulue par l’opposition, une mesure que le président de la République et l’exécutif, dépassant les frontières partisanes, ont voulu mettre en œuvre dans un souci d’unité. Cette main tendue a été refusée au Sénat et je le regrette amèrement".Le feuilleton de la déchéance a pourtant trouvé ses origines dans le psychodrame qui a déchiré la gauche pendant des semaines, sur la "stigmatisation" des binationaux. La proposition de François Hollande, applaudie par le congrès députés-sénateurs unanime, la 16 novembre 2015, a été taillée en pièce par le groupe socialiste à l’Assemblée. Le Sénat n’a fait qu’y revenir…Hollande, le faiblardAncien président de l’Assemblée nationale, le Haut-Savoyard Bernard Accoyer (LR) remarque avec ironie : "Le Président de la République a tenté en vain d’incarner l’union nationale alors qu’il n’a même pas réussi l’union des courants de la gauche au sein de sa majorité. La déchéance de nationalité a été une mesure qu’il a été incapable de faire admettre par sa propre majorité. C’est encore un échec, un nouveau renoncement, un recul supplémentaire."Cela dit, la droite ne sort pas indemne de cette débâcle. Nicolas Sarkozy était pour la réforme, François Fillon et NKM (entre autres) se sont donc prononcés contre. On se démarque comme on peut pour mener ses campagnes électorales internes.Résultat : la réforme devait symboliser la force et l’unité de la France contre le terrorisme. Son échec symbolise au contraire les divisions et les petits calculs politiques. L’échec est avant tout celui de la classe politique… avec mention particulière pour l’hôte de l’Élysée.
Treize mois avant la présidentielle on se demande comment François Hollande pourra changer une image imprégnée d’échecs et de reculades. Le chômage a battu un nouveau record absolu en février, la loi Travail est en cours de détricotage, et le président est devenu le spéléologue des sondages. Hier, comme si une gifle ne suffisait pas, le candidat de François Hollande à la tête de SNCF Réseau (ex-RFF) a été recalé par le gendarme du rail, l’Arafer. Plus personne, décidément, ne suit le président de la République. JB-M