Aprčs avoir signé un honorable come-back dans "Coast Guards", Kevin Costner retrouve une nouvelle fois le haut de l’affiche avec "Mr. Brooks"… Un thriller original car exploitant des ficelles qu’on n’a pas toujours l’habitude de voir ŕ Hollywood. On appréciera ou pas ! Reste que Costner, pour sa part, n’a pas peur de surprendre et męme de faire un peu de peine ŕ quelques fans étant donné qu’il joue ici un tueur diabolique. Comment faire passer un meurtrier obsédé pour un héros ? Découvrez la "méthode Kevin Costner", maintenant en DVD...
Les apparences sont parfois trompeuses. Un personnage comme l’industriel M. Earl Brooks (Kevin Costner) le prouve ! Marié ŕ une charmante épouse, prénommée Emma (Marg Helgenberger), pčre d’une adolescence vive et intelligente, Brooks est, pour le commun des mortels, un homme comblé qui est, en plus, ŕ la tęte d’une riche entreprise qui amasse des bénéfices ŕ la pelle. Pourtant, notre homme souffre d’un mal profond et diabolique : Brooks est accro' aux meurtres. Aidé de Marshall (William Hurt), un personnage imaginaire et sadique, Brooks a toujours tué avec un "professionnalisme" déconcertant. Sa prudence et sa volonté lui ont toujours permis d’échapper ŕ la police. Cédant ŕ nouveau ŕ la tentation, Brooks part ŕ la recherche de nouvelles "victimes". Seulement voilŕ, un détail va lui échapper. Ce détail pourrait lui ętre fatal & permettre ŕ l’inspecteur Tracy Atwood (Demi Moore) d'enfin l’arręter !
Dčs les premičres minutes, le réalisateur Bruce A. Evans entre dans le vif du sujet et joue d’emblée la carte de la schizophrénie. Le personnage interprété d’une main de maître par Costner tente d’échapper ŕ son appétit vorace de meurtres mais succombe encore une fois ŕ la tentation ! Ce rôle permet ŕ Kevin Costner de revenir, en forme, ŕ l’avant-scčne & de démontrer ŕ ses détracteurs qu’il est aussi ŕ l’aise dans des rôles de beaux justiciers sauveurs ("Coast Guards", par exemple) que dans des interprétations nettement plus nuancées et sombres.
"Mr. Brooks" nous promet un duel incisif entre Costner et Demi Moore. Pourtant cet affrontement, assez goűteux, n’arrive jamais. Bruce A. Evans imbrique en fait deux histoires dans un męme film. D’une part, le récit savoureusement immoral d’un "gentil" tueur confronté ŕ un maître chanteur malhabile et (également) siphonné, incarné par Dane Cook ; et d’autre part, l’aventure plus modeste et plus caricaturale d’une femme flic de choc qui veut, en męme temps, arręter les méchants et en terminer avec un divorce douloureux (plus sur le plan financier que sentimental).
Honnętement, "Mr. Brooks" se serait bien passé de cette seconde historiette qui n’apporte en fait pas grand-chose au parcours chaotique de Brooks… Excepté pour la derničre demi-heure du film durant laquelle les deux "affaires" se croisent et occasionnent quelques beaux retournements de situation. Fatalement, quand on a une Demi Moore ŕ l’affiche, on ne peut pas lui faire (trop) jouer les seconds rôles !
Aprčs le méconnu "Kuffs" (1992), avec Christian Slater et Milla Jovovich, Bruce A. Evans réalise ici un thriller des plus honorables qui brille surtout grâce ŕ l’excellente prestation (encore une !) de Kevin Costner. Signalons également les interventions croustillantes et parfois salaces de William Hurt. Le tandem Costner/Hurt est habillement exploité. Cette association n’est pas sans rappeler la "relation" entre Christian Slater et sa conscience, jouée par Val Kilmer, dans "True Romance" (1993), réalisé par Tony Scott et scénarisé par Quentin Tarantino.
Sans prétendre ŕ la perfection, "Mr. Brooks" reste un bon film, par moment tortueux, sombre et parfois gentiment ironique. On regrettera peut-ętre un final trop ambigu oů Bruce A. Evans paraît indécis quant au sort du personnage joué par Costner : celui-ci doit-il ętre puni pour ses actes ou, au contraire, faut-il que ses "manigances" soient récompensées ? Pour connaître la fin de cette histoire, l’idéal est encore de voir "Mr. Brooks" !
La bande-annonce...