Attentats à Bruxelles : une semaine après, la plaie semble s'infecter" /> Attentats à Bruxelles : une semaine après, la plaie semble s'infecter" border="0" title="MONDE > Attentats à Bruxelles : une semaine après, la plaie semble s'infecter" />
La place de la Bourse, à Bruxelles, s'est transformé en mémorial I ©REUTERS/Christian Hartmann
Après les attentats commis en novembre à Paris et à Saint-Denis, semble-t-il coordonnés depuis Bruxelles, le gouvernement belge a annoncé une série de mesures destinées à combattre l’islamisme radical. À l’époque, déjà, certains observateurs avaient constaté un grave manque de professionnalisme des services de sécurité belges dans un pays bercé par une culture du laissez-faire. Avec les attentats de Bruxelles, la donne commence à changer ; Le durcissement des mesures de sécurité plus facilement accepté par l’opinion publique et par la classe politique. "Notre société a toujours été décontractée, habituée à aborder paisiblement les questions de sécurité, de manière très éloignée de la conception américaine", a déclaré un proche du gouvernement de Charles Michel. "C’est donc un choc pour la nation". L’éditorialiste du quotidien (de gauche) De Morgen, Bart Eerckhout ajoute : "Une partie de Bruxelles est morte en moi cette semaine. Mais il faut trouver un équilibre entre le je-m’en-foutisme et l’ingérence politique". Plusieurs responsables politiques se sont rapidement retrouvés sous le feu des critiques en raison des dysfonctionnements que les attentats ont mis en lumière au sein des services de sécurité, notamment sur le fossé qui sépare les francophones des néerlandophones.Éternelles querelles linguistiquesLes querelles linguistiques qui rejaillissent régulièrement en Belgique ont provoqué une décentralisation exacerbée des pouvoirs, accusée aujourd’hui d’être à l’origine des dysfonctionnements des services de sécurité et de leurs difficultés à communiquer. Et lorsque des centaines d’hommes masqués liés à l’extrême droite, arrivant de Flandre ont déferlé dimanche place de la Bourse, c’est en direction de tous les Flamands que le bourgmestre Yvan Mayeur a dirigé sa colère : "Ce n’est pas l’image de Bruxelles qui a été salie par les événements de dimanche devant la Bourse. C’est la Flandre qui est venue salir Bruxelles avec ses extrémistes", a déclaré l'homme, accusant Bart de Wever, chef de file du parti flamand N-VA d’alimenter l’intolérance. Maire d’Anvers, deuxième ville du royaume, Bart de Wever a de son côté accusé les socialistes qui dirigent la capitale belge d’avoir laissé le champ libre aux islamistes. "À Bruxelles, c’est évident qu’on a été trop laxiste. Tous ceux qui osaient dire qu’il y avait un problème étaient traités de racistes, on devait se taire. "Certains responsables politiques se sont rendus dépendants des votes des communautés d’origine immigrée. On a fermé les yeux".
Selon Jean-Marie Klinkenberg, enseignant à l’université francophone de Liège, les attaques de Bruxelles pourraient accélérer "l’évaporation de l’État". "Entre les Flamands plus populistes et des Wallons sociaux-démocrates, les différences notamment autour des questions de sécurité vont tôt ou tard émerger". Ce pessimisme n’est pas partagé par tous. Le romancier Jean-Baptiste Baronian estime au contraire que les attentats pourraient cimenter le lien entre Flamands et Wallons. "Cela fait des années et des années que des politiciens, des politologues et des devins annoncent la mort imminente de la petite Belgique", écrit-il. "Dans leur plan à très court terme, ces prophètes ont tout prévu, ont peaufiné les moindres détails […] Sauf que quelques tueurs fous viendraient un beau jour de mars 2016 saigner la Belgique et, du même coup, rendre solidaires tous les citoyens aux quatre coins du pays, à grand renfort de larmes". FG