L'autre dimanche, lors de l'atelier que j'ai donné à Bruxelles avec Ilios Kotsou, une personne a fait remarquer après un exercice les yeux fermés qu'elle "avait l'impression que son corps était devenu transparent."
C'est une remarque très interessante et très juste. Nous croyons notre corps très solide, très compact, et nous croyons aussi être enfermé à l'intérieur comme dans une boite de conserve.
Mais en réalité notre corps est beaucoup plus fluide que nous ne l'imaginons. Sans doute, par la vision, on peut lui donner des contours (et encore, notre corps n'est-il pas l'univers entier?), mais il est à noter que nous n'y sommes pas enfermés. C'est au contraire le corps qui est en nous, comme le montre la photo suivante, que je viens de prendre.
Si nous fermons les yeux maintenant, nous pouvons remarquer que les frontières du corps disparaissent. Le corps se révèle en réalité être un ensemble de vibrations, sans formes, mobiles, fluides.Il devient impossible d'expérimenter des limites corporelles (on peut s'imaginer des frontières par la mémoire visuelle mais ce n'est pas un donné de l'expérience). Eric Baret parle à juste titre d'un "corps vibration"...
Nous sommes en fait un espace infini de Présence dans lequel vibrent des phénomènes : sensations, apparences, mouvements...Impossible aussi de trouver une frontière entre intérieur et extérieur, entre vide et plein, entre spirituel et corporel, entre espace et vibration: tout est un, tout y est vivant, transparent, en effet, comme un grand ciel vaste et unifié, coloré par l'arc-en-ciel du corps.
C'est comme permettre au corps de se plonger dans le grand bain de l'espace nu : chaque sensation est comme lavée de sa mémoire, de son nom, de sa limite...le corps peut enfin vivre et respirer en union totale avec cette Présence immuable et bienfaisante.
Même avec les yeux ouverts, on peut percevoir que les sensations du corps naissent, vivent et disparaissent dans une conscience bien plus large qu'elles, de même que nous pouvons les yeux ouverts voir que notre corps visible jaillit aussi dans cette conscience.
jlr