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Max | A l'abandon

Publié le 30 mars 2016 par Aragon

ndamou.jpg88.jpgDans les campagnes, ça s’en vient doucereusement, c'est là. L’abandon. La désertification. Alors, faut se retrousser les manches, s’engager dans le tissu associatif. Jamais désespérer, sinon, y’a plus qu’à prendre un aller simple pour les îles Kerguelen ou acheter une corde pour se pendre si on trouve encore ouverte une quincaillerie. Mais la tâche est ardue.

Faire vivre un village quel boulot ! Proposer des animations culturelles de qualité, les municipalités s’en tapent, enfin, pas vraiment, pas toutes, mais sont souvent très très indifférentes. Alors les rues sont vides, les vitrines éteintes, ça s’étiole, ça se raccourcit, ça se racornit, ça s’embrume. Les villages ressemblent de plus en plus à des vieux, écharpe, charentaises et bonnet de nuit.

Mon village perdra demain, avant 2030, plus de cinq cents habitants. Autrefois le curé était un saint homme, près de ses grenouilles de bénitier mais si près de tous ses mécréants aussi, l’abbé Lamaison -sur la photo- eût droit à une très belle page dans Sud-Ouest, le titre du papier : « L’abbé Pierre de Chalosse », le toubib était toubib, c’est-à-dire à l’écoute, psy, confident, curé laïque, assistant social, tout en étant toubib, le garde-champêtre  veillait  gentiment sur « ses » rues, l’artisan s’entendait dans son atelier, le commerçant s’affairait dans sa boutique. Plus rien. Amou, comme des milliers d’autres villages conjugue son présent au plus rien. Constat, pas chougnerie.

Réalité socio-économique, vieillissement de la population, désertification des campagnes, tissu industriel, économique, démantelé, grippe aviaire vache folle paysans en détresse. Alors, pourquoi les mairies ne font pas le pari culturel, surtout quand il ne coûte rien, ou si peu ? Sortir du loto et du vide-grenier, tristes, atones, du moins les partager avec autre chose de nouveau ? Le nouveau est un anti-vieillissement. Le nouveau surprend. Le nouveau émeut. Dans tous les conseils municipaux il devrait y avoir des élus chargés de réfléchir et de mettre en place ce fameux nouveau qui peut ne coûter que trois francs six sous à la commune.

Je propose la belle pièce de notre Cie DE BUT EN BLANC à ma mairie, gratos qui plus est, réponse peu enthousiaste du maire : « Je ne vois aucun inconvénient à ce que soit jouée votre nouvelle pièce de théâtre à la salle de l'Étoile… ». Ça ne me donne pas envie de poursuivre la démarche. Le vrai curé ne reviendra plus, pas plus que le vrai médecin, paysans artisans appartiendront bientôt au passé, mais j’espère qu’il y aura toujours, malgré tout, des rires dans les rues, éternellement. Un rideau rouge aussi, posé de temps à autre sur une scène, sur la place du village, pour amener un petit rayon de soleil, de la culture, de la réflexion, de l’échange, du bonheur, dans toute cette grisaille.

Qu'il y aura des mairies qui feront le pari du vivant et du nouveau !


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