Les surfaces muqueuses du vagin et du col sont colonisées par un microbiote naturel, avec une forte représentation de l’espèce Lactobacillus, qui contribue à protéger la muqueuse. Les lactobacilles produisent de l’acide lactique, ce qui abaisse le pH vaginal et favorise un épithélium sain. Ces bactéries semblent également jouer un rôle dans la modulation immunitaire, en réduisant l’inflammation. Or l’inflammation vaginale est un facteur de risque de vulnérabilité au VIH, les cellules inflammatoires étant des cibles de choix pour le virus. L’équipe californienne cherche à tirer parti de cette microflore naturelle du vagin et du col de l’utérus, et en l’améliorant, à prévenir l’infection par le VIH. Elle développe un » Lactobacillus jensenii » capable de produire des protéines anti-virales ou anticorps anti-VIH capables de neutraliser le virus. Une toute nouvelle approche contre la transmission hétérosexuelle du VIH qui serait de plus peu coûteuse et à effet durable.
Ici, les chercheurs décrivent la technique d’ingénierie qui aboutit à un Lactobacillus jensenii exprimant, de manière stable, des fragments d’anticorps neutralisants à large spectre contre le virus VIH-1. La voie des muqueuses est évidente, mais celle des bactéries et du microbiote vaginal innovante : » La plupart des virus pénètrent dans le corps humain à travers les muqueuses, et chez les femmes, le vagin et le col sont les principaux sites d’entrée du VIH-1 lors des rapports sexuels « , rappelle le Dr Laurel Lagenaur, auteur principal et directeur de recherche à Osel. » Les lactobacilles jouent déjà un rôle protecteur dans le vagin en réduisant l’inflammation, un facteur de risque d’infection par le VIH. L’ingénierie de ces bactéries pour fournir des anticorps neutralisants contre le VIH-1 aux sites mêmes où le virus pénètre peut offrir une protection de longue durée contre la transmission du virus « .
Une approche différente mais complémentaire : en effet, l’approche est compatible avec les thérapies antivirales actuelles, les dispositifs » barrière » (e.g. préservatif) ou de futurs vaccins. Elle consiste donc à modifier génétiquement Lactobacillus pour que la bactérie secrète une protéine antivirale. La bactérie génétiquement modifiée va coloniser naturellement la muqueuse vaginale et réduit ainsi le risque de transmission du VIH. Ici, la preuve est apportée chez l’animal, avec une réduction de 63% de l’incidence de l’infection.
Il reste encore de nombreuses étapes à franchir, dont des essais cliniques mais on retient l’idée d’optimiser les effets protecteurs naturels du microbiote vaginal.
Source: AIDS Research and Human Retroviruses March 7, 2016 doi:10.1089/AID.2015.0378 Expression of HIV-1 Neutralizing Antibody Fragments Using Human Vaginal Lactobacillus