Chasseurs de neige

Publié le 29 mars 2016 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

1954. À la fin de la guerre de Corée et au sortir des camps de prisonniers établis par les Américains, Yohan, un jeune soldat du Nord, se voit proposer, comme à des milliers de ses camarades d’infortune, de s’expatrier. Il choisit le Brésil, dont il ne sait rien et ne parle pas la langue, et s’installe, en vertu d’un accord passé avec les Nations unies, dans un village sur la côte où il trouve du travail. Bien qu’étranger sur cette terre, Yohan trouve un père en la personne de son employeur, Kiyoshi, un tailleur japonais établi là depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis une famille auprès de Peixe, fils de pêcheurs devenu gardien de l’église du quartier, et de deux jeunes orphelins. Mais vouloir se construire un présent n’efface pas un passé douloureux, et Yohan devra se battre pour chasser les démons qui le hantent…
 
À la manière d’Alessandro Baricco dans Soie, Paul Yoon,  l’auteur d’Autrefois le rivage, saisit l’essence de la vie et sa beauté dans la résilience d’un être qui survit à l’horreur et se réinvente.

Chasseurs de neige raconte une jolie histoire, touchante, celle de Yohan, jeune soldat nord-coréen, exilé au Brésil après la guerre de Corée ; la quatrième de couverture situe bien le contexte, que je ne connaissais pas, et qui n’est pas évoqué dans le livre, à part la séparation entre Nord et Sud de la Corée et la « présence » américaine.

Yohan va donc, tout comme il apprend à coudre, tisser des liens dans ce village côtier du Brésil. Avec Kiyoshi, le tailleur japonais (expatrié lui aussi) qui l’accueille, avec la langue portugaise, avec Peixe, le pêcheur, avec Bia et Santi aussi, deux enfants un peu farouches, insaisissables, qu’il apprivoise peu à peu quand ils se posent pour quelques moments près de lui.

Le passé se rappelle aussi régulièrement à la mémoire du jeune homme, en particulier son ami Peng, blessé et disparu dans cette guerre qui est évoquée à bas bruit. Aucune amertume, aucune haine, simplement une mélancolie diffuse qui se plaît au silence. Toute l’histoire se déroule presque dans le silence, peu de paroles et d’émotions s’échangent vraiment dans ce premier roman. La contemplation de la nature, la présence des arbres, l’écoute du bruit du vent ou des vagues, des éclats de couleur comme le parapluie bleu de Bia, autant de sensations qui permettent sans doute de tenir la violence à distance.

C’est une belle histoire, lente, la traduction est belle, mais il m’a manqué un petit quelque chose pour que je sois profondément touchée (il faut dire aussi que j’ai fini ma lecture après les attentats de mardi dernier à Bruxelles et que le contexte n’était pas des plus paisibles pour lire une histoire pourtant apaisante.)

Paul YOON, Chasseurs de neige, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marina Boraso, Albin Michel, 2016

Un grand merci à Aurore Pelliet et aux éditions Albin Michel pour l’envoi de ce livre


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