L’étude démontre que nous contractons ces muscles faciaux de manière à composer cette » Not face » à la même fréquence à laquelle nous parlons ou mettons l’accent sur des mots clés dans une phrase. Autrement dit, nous pratiquons la » Not face » comme si elle faisait partie de notre langage parlé. Au-delà, l’expression est si universelle que cette expression du visage peut même venir régulièrement remplacer l’élocution d’un » Non » dans le langage parlé. Au-delà de ces observations, l’étude suggère un lien originel fort entre la langue et les expressions faciales de l’émotion.
L’équipe a d’abord développé des algorithmes pour identifier à partir de bases de données photos, 21 expressions émotionnelles distinctes correspondant donc aux principales émotions (bonheur, dégout, surprise…). Puis 158 étudiants, ayant 4 langues maternelles et cultures différentes, ont été filmés et photographiés alors qu’ils menaient une conversation dans leur langue maternelle avec l’animateur situé derrière la caméra. Les chercheurs étaient à la recherche d’un » marqueur grammatical » du visage ou une expression du visage qui détermine la fonction grammaticale d’une phrase. Plusieurs hypothèses ont été faites par les chercheurs au départ de l’étude :
– se concentrer plutôt sur un marqueur d’émotion négative, faisant l’hypothèse que sur un plan évolutif, un marqueur universel serait plutôt associé à la notion de survie, donc de danger et à l’expression d’une répulsion, d’une colère ou d’un dégoût.
– rechercher un marqueur » grammatical » universel, c’est-à-dire présent chez tous les participants, quelle que soit leur langue maternelle et exprimé en liaison avec la même expression de négation.
Durant le test, la caméra filmait les muscles du visage. Ensuite, des algorithmes informatiques ont fait le reste avec l’objectif d’identifier ces marqueurs universels.
La » Not face » est alors identifiée comme une expression universelle de la négation, avec des déplacements musculaires similaires et au même tempo, chez tous les participants. De plus, cette expression faciale se forme dans la même fourchette de fréquence que le langage parlé (soit entre 3 et 8 syllabes par seconde), une fréquence sur laquelle, expliquent les chercheurs, le cerveau humain est câblé pour reconnaître les constructions grammaticales. Enfin, dans de nombreux cas, l’expression faciale ient en lieu et place de l’expression verbale de la négation.
Un lien intime entre l’expression faciale et le langage : des résultats qui suggèrent, au niveau du fonctionnement de notre cerveau, un lien intime entre l’expression faciale et le langage. Les auteurs développent de nouveaux algorithmes pour explorer davantage les origines du langage. Leur prochain objectif : analyser 1.000 heures de vidéo YouTube de personnes en train de parler, soit environ 100 millions d’images fixes et identifier d’autres marqueurs d’expression et grammaticaux universels.
Source: Cognition March 2016 doi:10.1016/j.cognition.2016.02.004 The not face: A grammaticalization of facial expressions of emotion (Visuel@Ohio State University)