Pour son premier film comme réalisateur, le scénariste talentueux d’une douzaine de films formidables dont « Bon voyage », « Belles familles » de Jean-Paul Rappeneau et « 36 quai des orfèvres » d’Olivier Marchal, Julien Rappeneau a réussi un long métrage où se mêlent réalisme, émotion et enchantement.
Adaptation du roman graphique de Camille Jordy, Rosalie Blum met en scène des gens simples empêtrés dans leur quotidien. Ainsi comme l’explique son résumé : Vincent Machot mène une existence sans histoire dans une petite ville. Sa mère, envahissante, lui mène la vie dure. Il veut retrouver sa petite amie qu'il n'a pas vue depuis six mois. Son cousin lui dit de ne pas se faire d'illusion sur cette romance. Un jour, il se retrouve dans la supérette de Rosalie Blum. Il est sûr de l'avoir déjà vue. Intrigué par cette femme solitaire, il se met à la suivre. Pas très discrètement apparemment car Rosalie se rend vite compte de son manège. Elle demande à sa nièce, une artiste qui s'ignore, de suivre le jeune homme à son tour. Celle-ci tombe sous le charme de ce garçon un peu triste qui construit des cerfs-volants...
De filature en filature, le spectateur assiste aux élucubrations du suiveur suivi. Le jeu de l’arroseur arrosé permet de découvrir une palette de personnages en marge, totalement décalés, tels des intrus sortis des sept familles de la convention bourgeoise. Un jugement trop hâtif les qualifierait de paumés. Cela pourrait verser dans la parodie ou l’ironie, mais non. L’émotion l’emporte grâce au regard que leur porte Julien Rappeneau. Sa caméra les sublime, leur rend leur dignité et les pare de transcendance.
Quand il n’y plus d’espoir, que l’ennui applique sa tyrannie, que les « belles familles » dictent leur loi, il y a toujours une issue. C’est ce que nous propose tout du moins Julien Rappeneau dans ses histoires avec subtilité, empathie, bienveillance, tendresse, humour et subversion.
Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz, Anémone prêtent leur charisme à cette comédie qui fait du bien et nous invite à croire au-delà de toutes les fatalités à tous les possibles du bonheur.