(notes sur la création) Antoine Emaz

Par Florence Trocmé

Antoine Emaz publie Planche aux éditions Rehauts.


Les mots ont une masse plus ou moins dense, une surface plus ou moins rugueuse. On peut préférer "s’en aller" à "disparaître", ou "mourir"…De même pour tête, face, figure, visage… Selon l’environnement sonore, tel ou tel mot conviendra mieux dans la séquence. Ce n’est pas une affaire de dictionnaire des synonymes ; à force de relectures va affleurer et se loger le mot nécessaire, c'est-à-dire celui qui s’ajustera au mieux dans la suite musicale et rythmique, sans trop bouger le sens. Si l’on veut modifier celui-ci, c’est toute la séquence qu’il faut remodeler. Le plus souvent d’ailleurs, je n’y parviens pas et supprime le passage. Reste à travailler alors la soudure, le contact entre ce qui précédait et ce qui suivait. Boulot de bijoutier, si on veut, avec des pierres et des métaux qui n’ont rien de précieux.
Le carnet comme canalisation. À part les notes de lectures que je rédige toujours sur feuilles volantes, tout le reste arrive dans ces pages. Organisation minimale mais efficace sur une longue période. Une sorte d’archivage automatique. Le carnet garde le brut, l’ordinateur l’élaboré. Partage pratique des tâches.
Antoine Emaz, Planche, Rehauts, 2016, p. 33 et 32.