Bonjour,
Comme je vous le disais il y a peu, cet article débute une série d'articles consacrés aux ateliers de cake design. Comme vous le savez, ou pas, j'ai fait ça pendant des années, j'ai vadrouillé pour donner des cours de cake design en France, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas, sur des salons... Et justement, pour peu que vous m'ayez croisée en atelier ou sur un salon, vous m'avez déjà peut être entendu dire que :
" Vendre des gâteaux est un métier dur et ingrat "
Pourquoi est-ce que je dis ça ?
Oui, oui, donner des cours (ou vendre) n'est pas à la portée de tous les tempéraments, je sais bien. Au fur et à mesure de cette série d'articles, nous aborderons les différentes questions qui peuvent se poser concernant les ateliers. Je pense d'ailleurs que je ne vais pas me faire des ami(e)s avec de tels propos, je m'en rends compte mais cet avis n'engage que moi. Je ne porte absolument pas de jugement sur ceux et celles qui vendent des gâteaux, je ne dis pas que l'on ne peut pas s'éclater à vendre des gâteaux, bien au contraire. C'est juste que vendre des gâteaux et dispenser des cours, sont deux manières différentes de partager sa passion, chacun voit selon sa sensibilité.
Figurez vous que c'est bien loin de n'être qu'une question d'argent. On a beau être le plus passionné du monde, mais, de manière plus ou moins factuelle, il n'en demeure pas moins que:
1) Si on considère le coût de lancement, la capacité de production nécessaire, la rémunération au taux horaire, la fiscalité, il est difficile d'atteindre le seuil de rentabilité en vendant des gâteaux. Allez, disons le, quand tu vends des gâteaux, tu travailles pour plein de raisons toutes aussi belles les unes que les autres, mais certainement pas pour la rentabilité.
2) S'installer pour vendre des gâteaux est bourré de contraintes et de normes dont les cours et ateliers sont (en partie) dispensés. Ben ouais, et promis, nous en reparlerons ... Alors soit, c'est pour le bien du consommateur mais alors, qu'est ce que c'est exigeant quand il faut sortir plusieurs (centaines de) milliers d'euros pour s'installer.
3) Oui... l'émotion, les étincelles dans les yeux d'un client... que tu ne reverras certainement pas et qui, une fois qu'il t'aura acheté un gâteau qu'il aura mangé classera probablement cette expérience aux oubliettes. C'est beau ! Sauf que moi j'aime beaucoup les relations plus durables, avec plus d'échanges, j'avoue, et j'ose croire qu'on marque plus quelqu'un, qu'on établit une relation différente avec cette personne, quand on lui apprend à faire, plutôt que quand on lui vend quelque chose. Même si il revient acheter chaque année.... il peut d'ailleurs revenir en cours plusieurs fois.
4) Souvent, vendre des gâteaux, comme bien des métiers de bouche, rime avec " travailler quand tout le monde fait la fête ". Perso, je n'ai pas le courage... une fois, oui, voire deux ou trois, mais pas toutes les semaines, pas systématiquement.
5) Les " élèves " sont plus compréhensibles que les clients. Je ne suis pas en train de dire qu'il ne faut pas être exigeant avec soi même quand on donne des cours, je dis juste que les clients peuvent avoir une attitude " arrogante et passive ", là où les élèves auront une attitude plus " modeste et active " . C'est normal (ou pas), mais là où le client considère que tout (ou presque) lui est dû, l'élève est en situation de demande, alors que les deux ont payé pour une prestation.
6) Le client, c'est à toi d'aller le chercher et de le convaincre (parfois) pour ensuite essayer de coller à ses attentes. L'élève qui vient vers toi est déjà convaincu (sinon, il ne viendrait pas), à toi de lui donner ce qu'il attend, sauf que si le descriptif du cours est bien fait, l'élève peut ajuster ses attentes. Euh ... Vous me suivez ?
7) Ca fonctionne pour moi mais l'évolution naturelle de mon blog, que je voulais didactique, était de donner des cours. J'ai donné des gâteaux, très très rarement pris des commandes parce que faire un gâteau à la demande me fige, je me sens forcée, castrée dans mes capacités à créer..
Voilà, je sais que pas mal de mes lecteurs se professionnalisent, et je souhaitais partager ouvertement mon point de vue. Encore une fois, il ne s'agit pas de dire " faites telle ou telle chose ", non ! L'essentiel est de faire quelque chose que vous aimez, parce que des gens vont compter sur vous de toutes les manières et que vous devez être à votre meilleure version.