La 4ème biennale de l’association Itinéraires Singuliers bat son plein en Bourgogne Franche Comté et jusqu’au 3 avril à Dijon. Plus que 6 jours pour courir à la Grande Orangerie (jardin de l’Arquebuse), ouvert tous les après-midi à partir de 14h, et à l’espace d’exposition du CH de la Chartreuse (mardi, samedi et dimanche, 13h30-17h). Le thème de ce festival est cette année « la quête ».
Arrêtons-nous aux extraordinaires Don Quichotte de l’artiste Claude Brugueilles, à l’Orangerie.
D’habitude, les oeuvres réalisées à partir d’objets de récupération me font juste sourire mais me laissent indifférente, tellement ça reste de la bricole et de l’astuce, sans signification, sans expression profonde. On est loin de l’art.
Ici, avec Claude Brugeilles, j’avoue que je reste baba! Ses Don Quichotte géants m’impressionnent par leur folie, leurs délires, leur présence souveraine, leur allure princière. Et, surtout, par la force qu’ils incarnent, celle du rêve inaccessible, du but impossible à atteindre, de la voie qu’on s’est tracée… même inabordable. Un thème émouvant, riche et universel, croqué ici en quelques moules à tarte, théières, corbeilles, râpes, tuyaux ou pédaliers.
L’artiste a su, certes, utiliser des objets du quotidien chinés dans les décharges, mais en mélangeant les matières, en comblant les vides avec je ne sais quelle mousse de polystyrène ou quels tissus plastifiés. C’est travaillé comme un matériau à part entière. D’où un volume de vraie sculpture. Ce ne sont pas simplement des choses soudées les unes aux autres. Il a également unifié ses montages avec des patines ou des vernis qui communiquent parfois des airs de bronze à ses structures.
On oublie que ces structures sont faites de bric et de broc. On saisit l’ensemble. Ce ne sont plus des assemblages. Ce sont des personnages de théâtre qui portent en eux un monde, une idée, une émotion, une histoire.
Et voici donc ces Don Quichotte ailés ou à roulettes, démesurés, trainant leur Sancho Pansa ou leur moulin à vent, chevauchant une Rossinante céleste, écarquillant des yeux de croyant naïf, fiers de leur quête folle.
La scénographie est à signaler aussi. Elle est intelligente. Peu d’éclairage (bravo aux petites ampoules à l’ancienne, diffusant une lumière chaude qui tremblotte) et un labyrinthe de cloisons faites de pierres engrillagées. On est ainsi maintenu dans une ambiance d’incertitude, d’imaginaire, où tout est possible.
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