L’annonce faite il y a quelques semaines de la sortie de LP3, le nouvel album de Ratatat ne vous a certainement pas trompé. Mes atomes crochus pour le duo new-yorkais auront recommencé à s’agiter. Un léger trouble provoqué par cette délicieuse particularité qu’avaient les deux précédents opus de m’envelopper dans un univers touffu et mystérieux. Emmené par le guitariste Mike Stroud et le mixeur/producteur Evan Mast, les deux potes de lycée ont depuis le départ œuvré dans l’instrumental. Des morceaux à la structure simple et efficace dont la base repose essentiellement sur l’utilisation du tiercé guitare, basse, synthétiseur. Et comme il serait difficile de demander à Ratatat de changer des habitudes déjà bien ancrées, les new-yorkais n’auront pas bougé d’un iota en trois albums, toujours chez XL Recordings.
La griffe Ratatat n’est ni véritablement révolutionnaire, ni totalement conformiste. L’équilibre de l’équation repose sur le velouté et la pesanteur de la production d’Evan habilement écorchée par les saillies de guitare de Mike ; sur l’utilisation d’instruments rock et sur une production orientée électronique sans jamais tomber dans le genre hybride trop rapidement étiqueté électro-rock. La dimension instrumentale est certainement leur plus grand atout comme leur plus grand défaut : leur univers fonctionne en totale autonomie et ne supporte que très peu l’introduction d’éléments hétérogènes. La cohérence d’ensemble n’en serait que malmenée et le charme rompu. La comparaison avec quelques groupes de rock instrumental des années 60-70 n’est pas fortuite. The Ventures ou encore Joe Satriani ont composé des mélodies terriblement accrocheuses mais d’un style identique. Une recette reproduite à l’envi et n’intégrant que peu d’éléments novateurs.
Alors, je dois peut-être l’avouer, je suis assez mitigé concernant LP3. D’abord, la pochette est moche. Le matou rugissant de Classics a été remplacé par une statuette sur synthétiseur sur fond de flou artistique baveux. Je passe. Et puis les inquiétudes qui s’étaient révélées à l’écoute de "Shiller" se sont révélées justifiées. Le rythme d’ensemble s’est ralenti. La bestiole a le cafard ("Shiller", "Mi Viejo", "Flynn", "Black Heroes"), baille aux corneille ("Bird Priest"), s’amuse à faire des ronds d’eau ("Imperials")… Des occupations dignes d’un fauve neurasthénique enfermé dans la cage d’un zoo. N’allez cependant pas croire que le reste de l’album est aussi peu intéressant qu’une visite dans un parc animalier. L’épique Mirando et la cavalcade Falcon Jab font presque oublier un parcours monotone à la manière du titre Brulee. Même les nouvelles textures dont leur maison de disque avaient vanté n’apportent qu’un intérêt mineur dans la composition des morceaux. Pas vraiment en phase avec l’excellent clip de Mirando où les explosions, les poursuites dans la jungle version Alien Vs Predator laissaient présager plus qu’une simple ballade de santé.
En bref : Peu inspiré, LP3 n’est pas l’album le plus intéressant du duo. Les quelques réussites sont noyées dans la masse fastidieuse des autres morceaux.
Le Myspace et le site.
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LES COMMENTAIRES (1)
posté le 22 février à 03:18
assez d'accord avec toi, c'est globalement mou du genou mais Falcon Jab vaut son pesant de cahouétes