le capital temps libre
et la valeur travail
de Jean Viard
Ed L'aube poche, 20O8
Soixante-dix ans après 1936, nos sociétés ont profondément changé. Les
départs en vacances sont devenus massifs. La France accueille plus de
touristes étrangers qu'elle ne compte d'habitants. La durée du travail
sur une vie a été réduite de plus du tiers, la maison avec jardin est
devenue un rêve majoritaire, l'économie touristique porte des régions
entières...
Pour Jean Viard, cette initiation populaire (et
inégalitaire) aux temps libres et son corollaire, la mobilité de masse,
ont modifié, bien au-delà de ces faits quantifiables, nos façons de
vivre. Pour lui, les gestes, les lieux, les normes et les valeurs
construites pour occuper nos temps libres sont en train de devenir les
bases de notre culture collective, bousculant les liens sociaux et
politiques, remettant en cause la place centrale du travail, favorisant
l'étalement urbain.
Il s'agit d'une culture individuelle et mobile où
chacun joue sans cesse avec l'absence et l'abstention : zapping,
divorce, déménagement, voyage, portable, internet... forment un tout,
avec une privatisation des liens sociaux, des exclusions féroces, une
crise du collectif et, malgré tout, certaines solidarités. Et
d'extraordinaires libertés quand on accède au droit de choisir ses
mobilités.
Jean Viard est directeur de recherche au CNRS au CEVIPOF
(Centre de recherches politiques de Sciences Po). Diplômé en économie
et docteur en sociologie, il est spécialisé notamment dans les vacances, le temps libre, Marseille, ou les 35 heures. Il dirige les éditions de l'Aube.