- Par Hayat Gazzane
- Publié le 26/03/2016
©Jason Lee/REUTERS Un parc d'éoliennes et de panneaux photovoltaïques à Zanghjiakou en Chine
INFOGRAPHIES - Près de 300 milliards de dollars ont été investis dans les énergies vertes l'an dernier, un record selon l'ONU. Les pays en développement sont les plus actifs. Décryptage.
La chute des cours du pétrole n'a pas découragé les investissements dans les énergies renouvelables. À en croirele rapport que vient de publier l'ONU, l'année 2015 a même été marquée par un nouveau record avec 265,8 milliards de dollars d'investissements totalisés dans le monde. C'est plus du double des investissements réalisés dans les énergies traditionnelles (centrales à charbon et à gaz) qui se sont élevés à 130 milliards.En prenant en compte le financement des capacités additionnelles, les investissements dans les nouvelles technologies et la recherche et développement, les investissements mondiaux liés au renouvelable (hors hydroélectricité de forte puissance) grimpent à 285,9 milliards de dollars (+5% sur un an). Un tel niveau n'avait jamais été observé auparavant, le précédent record datant de 2011 (278,5 milliards). L'ONU salue d'ailleurs les efforts réalisés par les différentes nations depuis 2004: en 12 ans, 2300 milliards de dollars ont été consacrés au développement de ces énergies vertes.Cette étude révèle un autre fait majeur: pour la première fois, les pays en développement se sont montrés plus actifs dans ce secteur que les pays développés. Les premiers ont consacré 156 milliards aux investissements dans le renouvelable (+19% sur un an) - 17 fois plus qu'en 2004 - tandis que les seconds ont investi 130 milliards (-8%). La Chine est championne du monde des énergies renouvelables avec un investissement de 102,9 milliards (+17%) l'an dernier. Pékin, qui s'est lancée dans une véritable course à l'éolien et au solaire, représente à elle seule 36% des nouveaux investissements mondiaux. Parmi les plus actifs figurent aussi l'Inde, l'Afrique du Sud, le Mexique ou encore le Chili . Le Maroc, la Turquie et l'Uruguay sont pour leur part entrés dans le club des pays qui investissent plus de 1 milliard de dollars.L'Europe est notamment à la traîne. Les investissements européens ont baissé de 21%, passant de 62 milliards de dollars en 2014 à 48,8 milliards de dollars en 2015, «le chiffre le plus bas enregistré sur le continent depuis neuf ans, et ce en dépit d'investissements records dans les projets éoliens offshore», constate l'ONU. La France, notamment, sort du top 10. L'Hexagone a investi 2 milliards l'an dernier dans ces énergies vertes, un chiffre en baisse de 63% que l'ONU explique en partie par l'attentisme qui a suivi l'adoption de la loi de transition énergétique.Les pays en développement, poussés par une hausse de la demande d'électricité, ont à l'inverse profité du coût en nette baisse de ces énergies. D'après le rapport, le coût de l'électricité issue de l'éolien onshore est par exemple passé de 96 dollars le mégawattheure (MWh) à 83 dollars tandis que celui de l'énergie photovoltaïque a chuté de 61% depuis 2009 à 122 dollars/MWh. Ces deux sources d'énergies sont d'ailleurs celles ayant capté le plus d'investissements dans le monde:L'année 2015 est décidemment celle du changement puisque, grâce à ces investissements records, les énergies renouvelables ont représenté 53,6% de la capacité ajoutée (en termes de gigawatt), toutes énergies confondues. C'est la première fois qu'elles sont la source d'énergie ajoutée majoritaire.L'énergie fossile n'a toutefois pas dit son dernier mot. Le renouvelable ne représente encore qu'une faible part de la puissance totale installée dans le monde (environ un sixième ou 16,2%). De même, l'électricité générée par les énergies renouvelables ne représentait que 10,3% de la production mondiale en 2015. «Malgré les signaux ambitieux donnés par la COP21 à Paris et la capacité croissante des nouvelles installations d'énergies renouvelables, il reste encore un long chemin à parcourir», estime Udo Steffens, président de la Frankfurt School of Finance & Manage, cité dans un communiqué. «Les centrales thermiques à charbon et autres centrales conventionnelles ont des durées de vie longues. Sans nouvelles interventions politiques, les émissions de dioxyde de carbone à fort impact sur le climat continueront de croître pendant au moins une autre décennie», prévient-il.Les énergies vertes ont cependant permis l'an dernier d'éviter une émission de 1,5 gigatonne de CO². Un argument que les dirigeants du monde, qui promettent de limiter l'augmentation de la température en dessous des 2 degrés, n'hésiteront pas à mettre en avant dans les années qui viennent.http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/03/26/20002-20160326ARTFIG00005-qui-sont-les-nouveaux-champions-du-monde-des-energies-renouvelables.php