Cette phrase de Deleuze résume un grosse partie de la pensée de Pierre Marquès. Peintre, plasticien, esprit libre aux talents multiples, Pierre fait partie de ces artistes à qui l'on s'attache presque immédiatement et que l'on a plaisir à suivre. Temporalité, géographie, mémoires, traces, empreintes... Ces mots-valises résument pour une grosse part son oeuvre.
La géographie, celle d'une méditerranée sans frontières dont il assume totalement l'identité. Temporalité, mémoire... L'homme qui renie son passé perd son plus bel héritage affirmait Confucius. Chez Pierre Marquès, cette histoire, cette mémoire n'est pas une obligation. Elle est ce qui nous construit, nous force à nous interroger pour construire notre propre futur. Malgré l'impermanence des choses et des êtres, tout laisse des traces. Indélébiles en nos esprits, nous faisant assumer réussites ou erreurs, cris de bonheur ou larmes de sang, elles font et sont nous-mêmes. Ces êtres pensants tout autant horribles, immondes que généreux, altruistes. Curieux des autres, de l'autre.
Lorsque Sophie Julien lui demanda d'inscrire en façade et au sol de sa galerie à Béziers " Créer, c'est résister ! ", il n'a pas agi par provocation envers une mairie soutenue par la droite extrême. En reprenant cet appel du Conseil National de la Résistance, il n'a fait que remettre en lumière cette trace laissée par celles, ceux qui les mots liberté, partage et action avaient du sens.
Artiste militant ? peut-être ou peut-être pas. Humanistes, historiens, créateurs le sont-ils obligatoirement ? Mais vouloir le réduire à cette simple étiquette serait sans nul doute commettre une erreur dommageable. Pierre Marquès est avant tout un artiste aux nombreuses facettes. Si de l'art plastique, il retient la notion de concept, son travail pictural est en tout point remarquable. De la finesse associée à la puissance qui ne peut laisser indifférent.
Je ne le crois pas ou ne le voit pas séducteur. Mais si vous qui me faites le plaisir de me lire n'êtes pas séduits par ses créations, posez vous des questions sur vous-mêmes.
Pierre Marquès
Pierre Marquès (Béziers 1970) vit à Barcelone depuis 1998. Il mène plusieurs projets depuis 2007 comme l'immense série de peintures intitulée "Mon manège à moi", présenté en partie à la galerie Scrawitch (Paris, 2012).
Son travail inclut peinture, pochoir, dessin classique, poèmes visuels, photographie et vidéo. Parallèlement il travaille sur la mémoire historique à travers le paysage. En octobre 2013 il expose TOUT SERA OUBLIÉ au Centre d'art contemporain ARTS SANTA MÒNICA à Barcelone. Il présente aussi ce travail sous forme d'une conférence en avril 2014 à la BPI du Centre Georges Pompidou.
Aujourd'hui c'est aussi à travers les portraits de personnages historiques qu'il réeinvente l'histoire faisant naître grâce à la superposition des ces derniers les "Anonymes". C'est à l'Espace Dominique Bagouet de Montpellier qu'il présente en mai 2015 l'exposition "Créer c'est résister" une série de portraits d'auteurs anonymes grand format, ainsi qu'une installation sonore "Echo-système". La trace fait aussi partie de ses inquiétudes, il va la chercher afin de la détourner pour la transformer en support de mémoire dans un registre cette fois-ci urbain et rural à travers le graffiti.
En 1987, il réalise sa première exposition dans sa ville natale et a depuis exposé dans galeries et musées en Espagne, en France et au Japon. Depuis il enchaîne projets et expositions.