Une guilde (ou gilde) de Saint-Luc (aussi appelées corporation, confrérie ou compagnie de Saint-Luc) est une organisation corporative strictement réglementée de peintres, graveurs, sculpteurs et imprimeurs de la Renaissance, active depuis le XIVe siècle en Italie (Florence), dans les Pays-Bas (Bruges, Anvers, Utrecht, Delft ou Leyde), les pays rhénans et la France. Ces guildes prennent ce nom en référence à Saint Luc l'Evangéliste, le saint patron des peintres. Dans certaines villes, comme à Anvers, un très grand nombre de métiers artistiques y sont représentés, tandis qu'à d'autres endroits comme Bruxelles, elles réunissent uniquement les peintres. Les autres métiers artistiques se retrouvent dans ce cas au sein d'autres confréries, sous la protection d'autres saints patrons.
Saint Luc peint la Madone, par Maarten Van Heemskerck, 1532
Les guildes économiques connaissent un essor important dans les Pays-Bas dès le Moyen-Age, mais les Guildes de Saint-Luc, à vocation artistique, se développent plus tardivement, au début du XIVe siècle. Sous l'impulsion du commerce avec les nouvelles contrées d'Amérique, les villes flamandes deviennent d'importantes places commerciales. Anvers supplante alors Bruges et Bruxelles et s'enrichit rapidement grâce au commerce des épices et le marché d'objets d'art et de luxe. D'importantes familles de commerçants et de banquiers, tels les Fugger et les Médicis sont d'importants mécènes pour les artistes locaux.
Pour être admis dans une guilde, il faut être en possession de ses droits de citoyen et avoir une propriété dans la ville. Les candidats au titre de maître, condition indispensable pour accéder à des postes importants au sein de la guilde et aux commandes les plus lucratives, doivent en outre être mariés. Lors de son admission, l'artiste reçoit généralement une commande importante (par exemple un retable) du doyen de la guilde.
L'appartenance à une guilde signifie pour les artistes une certaine sécurité à une époque d'instabilité économique, mais aussi de nouveaux défis. Pour la première fois, un marché de l'art se met en place, auquel seuls les maîtres patentés ont accès, et les artistes ont à affronter un public. La guilde garantit un soutien aux artistes locaux en excluant la concurrence et offre la possibilité d'ouvrir un atelier avec des apprentis qui n'ont pas le droit de signer leurs œuvres, celles-ci étant automatiquement propriété du professeur. Attenant à l'atelier se trouve une boutique, et des foires annuelles ont lieu où les artistes exposent leurs œuvres. À Anvers, ainsi que dans d'autres grandes villes du sud des Pays-Bas, la guilde effectue un contrôle de la qualité des œuvres, à l'issue duquel elles sont marquées au fer. Cette marque permet à l'acheteur européen d'être certain de retrouver la qualité des œuvres anversoises. Des courtiers spécialisés sont chargés de la diffusion des œuvres en Europe.
Maisons des guildes à Anvers
La guilde offre de plus certaines assurances sociales aux artistes, par exemple en cas d'indigence ou de maladie. La guilde règle aussi certains aspects religieux à la mort de l'artiste, son enterrement et le soutien au membres de sa famille.
D'après Wikipédia