Tout pour être heureux, dernier film de Cyril Gelblat, réalisateur niçois, sortira le 13 avril 2016. Ce vendredi 26 mars 2016, nous avons pu assister à l’avant-première du film. Jouant à domicile, le metteur en scène a tenu à dire son attachement à la cité avant la projection du film puis, accompagné des acteurs Manu Payet, Aure Atika et de l’écrivain Xavier de Moulins, a répondu aux questions à l’issue de la projection. Si l’émotion effleurait les micros de l’équipe, nous aurions du mal à en dire autant du long-métrage qui fleurait bon l’ennui.
Antoine (Manu Payet que l’on a vu dans Les gorilles), à l’orée de la quarantaine, est un père désastreux. Infantilisé par sa femme Alice (Audrey Lamy que l’on a vu dans Qui c’est les plus fort ?, Le talent de mes amis et La belle et la bête), il ne s’occupe que très peu de ses deux filles, Leonor (Jaïa Caltagirone) et Rafaèle (Rafaèle Gelblat), trop occupé à se dépêtrer des ennuis financiers que sa carrière d’agent artistique free-lance lui occasionne. Lors qu’Alice rompt, il se retrouve face à ses responsabilités.
Antoine (Manu Payet) et Alice (Audrey Lamy)
Aux premiers abords, Tout pour être heureux avait tout pour nous plaire. Sur le papier, l’histoire s’éloignait des romances guimauves que l’on abhorre pour suivre des sentiers plus chaotiques, plus réels en somme. Et plus ancrés dans la réalité, moins superficiels, ils promettaient, ces chemins de traverses, des émotions à la fois diffuses et intenses parce qu’intimiste. À écouter Cyril Gelblat, c’est d’ailleurs ce qu’il a probablement voulu faire ressortir à l’écran. Premièrement, car il avoue volontiers se retrouvait dans de nombreuses situations du film, ensuite car il affirme n’avoir voulu réaliser ni une comédie, ni une romance et encore moins une comédie romantique mais une plutôt une œuvre protéiforme, sur le fil, étonnamment plus difficiles à vendre aux financiers comme au public qui n’est pas toujours friand d’ambiguïté et de subtilité. Sur l’intention, on note la volonté réelle, effectivement, de jouer sur plusieurs tableaux, de vouloir donner du corps au récit en complexifiant les sentiments amoureux et les relations familiales, notamment avec l’introduction d’une sœur à la fois aimante et très dure. Ce personnage, Judith (Aure Atika), comme l’a dit le metteur en scène est haut en couleur et détonne avec le reste de la galerie. Un drôle d’aveu tout de même… car, justement, c’est ce que l’on pourrait reprocher à Tout pour être heureux, à part Judith, et peut-être la jeune Jaïa Caltagirone, les autres protagonistes sont terriblement fade et semblent éteints.
Antoine (Manu Payet) et Rafaèle (Rafaèle Gelblat)
En somme, on pourrait s’identifier à l’histoire, mais il est terriblement ardu de se laisser aller à apprécier Antoine ou Alice qui sont tristes sans être attendrissants, qui sont perdus sans appeler à une quelconque compassion, bref, qui sont sans saveurs aucunes. Il n’est pas tant question du jeu des acteurs que d’une réalisation poussive. Pour insuffler du rythme, Gelblat s’est adjoint les services de la chanteuse Joe Bel qui interprète la bande originale du film et incarne Angélique, la star montante qu’Antoine tente de produire. C’est bien la seule note de charme qui ressortira de Tout pour être heureux, le score dépassant largement d’intérêt le film en lui-même. Amoureux de son pays natal, Gelblat annonce que ses deux prochains films se situeront probablement à Nice et qu’il a choisi Paris pour celui afin de lui donner un cachet nerveux propre à la frénésie de la capitale. Une frénésie et une nervosité à laquelle nous avons apparemment dû rester insensibles. Le film tout entier semble être passé à côté de ses intentions premières. Abordant des thématiques universelles tels que la rupture ou la paternité, Tout pour être heureux, en voulant trop rester sur un fil tendu, à fini par le distendre, provoquant, effet totalement inverse, un ennui plus profond que le mal être de son héro.
Antoine (Manu Payet) et Etienne (Pascal Demolon que l’on a entendu dans Astérix – Le domaine des Dieux et vu dans La résistance de l’air et Five)
Tout pour être heureux avait tout pour devenir une histoire tendre et touchante mais échoue à provoquer la moindre empathie. La cause à un rythme lent, trop lent, dont tous les événements sont attendus et qu’aucune diversions ne viendra jamais enrichir. Cyril Gelblat livre un film sans surprise et sans ambitions narratives qui échoue sur la forme davantage que sur le fond. Quoi que le fond du récif ne soit pas loin.
Boeringer Rémy
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