La critique de Claude :
Ce n’est pas un livre de mémoires ou de souvenirs, c’est un Manifeste, au sens italien du terme, un grand cri d’amour pour la vie, d’abord celle du comédien, et surtout pour les plus grands auteurs (français, pour l’essentiel).
Commençons par les années de formation : Fabrice ne subit pas la « mise aux normes », le "formatage" ou la « structuration de force » qui est le lot des élèves des lycées et des grandes écoles. Fils de petits commerçants, non « dépisté » en Primaire, il évite le Lycée Jacques Decour (le plus proche de Montmartre, et que je connais bien). Et voilà un génie de plus qui échappe à notre lourde Education Nationale.
A la place de 10 années d’études, il fréquente l’Ecole buissonnière. Il nous emmène ainsi dans l’autobus 80, et sur son scooter de petit livreur, qui ont le pouvoir magique de vous transporter au dessus de la mêlée parisienne. Il nous emmène aussi chez Alexandre (coiffure), son premier emploi, où il exerce son charme.
Ce récit savoureux est ponctué par la célébration de La Fontaine, de Molière, de Céline (là, je suis plus méfiant, mais c’est tant pis pour moi), de Flaubert, Baudelaire, Rimbaud, Proust, et de Philippe Muray, que Luchini a interprété en solo dans les théâtres parisiens.
Heureux les auteurs ainsi défendus !
Comédie française, ça a débuté comme ça, récit de Fabrice Luchini, édité chez Flammarion, 245 p., 19 €.