Je me suis senti retomber en enfance. Au temps où nous allions voir en famille les films de John Wayne, au Molière, le cinéma de quartier. Nous n’avions pas la télévision et ces films étaient ce qui nous permettait de voir autre chose, de découvrir qu’il y avait une autre réalité dans le monde que notre petite rue qui était notre terrain de jeu. Nous savions bien que c’était du cinéma, que ça se passait ailleurs et dans un autre temps. Nous savions aussi que c’étaient les bons qui gagneraient. Mais c’était l’action, la vie, l’explosion !
Je n’aurais jamais imaginé que j’aurais pu vivre quelque chose du genre en direct. Pourtant, c’est le cas. Je ne m’en réjouis pas. Les attentats de Zaventem et de Maelbeek, c’est à côté. C’était hier. L’arrestation d’un suspect, c’est encore plus près et en direct. Vivre cela ravive un peu les émotions d’enfance lors de ces westerns improbables. Sauf qu’on n’est plus dans un simple divertissement et qu’on ne sait pas qui gagnera…
Mais je l’avoue, si je voulais regarder la course cycliste (qui était encore bien loin de l’arrivée), je me suis arrêté sur cette actualité sinistre. Voyeurisme déplacé ? Peut-être. Surtout l’envie de savoir comment cela évolue. Nous vivons dans une société où tout doit se vivre en direct. Pourquoi ? Avec quels avantages ? Quelles conséquences ? Quelles ouvertures ? Je n’en sais trop rien.
Je resterai – sans doute encore longtemps – avec mes interrogations. Dans moins d’une heure, je saurai qui aura gagné la course (pleine de suspens). Mais je ne saurai pas quand se finiront ces atrocités terroristes, ni encore moins qui gagnera au bout du compte. Comme j’aimerais que ce ne soit qu’un film qui se termine après une heure et demie par la victoire des bons. La vie est bien plus compliquée que ça. Pourquoi ?