Des deux fragments de comètes qui nous ont frôlés les 21 et 22 mars dernier, on en sait un peu plus (pour l’instant) sur le second.
Découvert il y a deux mois seulement, le 22 janvier 2016, P/2016 BA14 fut d’abord pris pour un géocroiseur comme il en existe des milliers qui croisent l’orbite de la Terre chaque année. Mais sa route étant très similaire à celle de la comète 252P/LINEAR (environ 230 mètres) qui s’est aventurée à quelque 5,3 millions de kilomètres de notre Planète ce lundi 21 mars, quelques heures seulement avant son passage, il fut conclu que les deux objets pouvaient être de la même famille, voire des fragments d’un même noyau cométaire.
Le 22 mars 2016 vers 14 h 30 TU, P/2016 BA14, qui n’est passée qu’à 3,5 millions de kilomètres du globe terrestre, est devenue la troisième comète à être passée si près de nous dans l’histoire humaine (Du jamais-vu en 246 ans !). Pour les chercheurs, cette proximité fut bien sûr une aubaine pour lui tirer le portrait et tenter d’en apprendre davantage à son sujet et, plus largement, sur les comètes, corps glacés et sombres rescapés du Système solaire primitif.
Avec l’antenne de Goldstone dans le désert du Mojave en Californie, une équipe a obtenu des images radar détaillées de l’objet, avec une résolution atteignant 8 mètres par pixel. Sa forme est irrégulière : « on dirait une brique sur un côté et une poire sur l’autre » commente Shantanu Naidu, postdoc au JPL, qui a mené cette campagne d’observation de trois jours. « Nous pouvons voir quelques signatures liées à des caractéristiques topographiques telles que de grandes régions plates, des petites concavités et des crêtes à la surface du noyau. » Il a été établi que sa période de rotation est comprise entre 35 et 40 heures.
De son côté, une équipe a épié P/2016 BA14 dans l’infrarouge avec le télescope de la Nasa IRTF (Infrared Telescope Facility) sur le Mauna Kea, à Hawaï. Le spectre leur a révélé que l’astre réfléchit entre 2 et 3 % de la lumière du Soleil qui atteint sa surface. En comparaison, l’asphalte frais réfléchit 4 %. « C’est typique d’une comète » déclare Vishnu Reddy, chercheur à l’Institut des sciences planétaires à Tucson, qui a dirigé ces observations. D’après les propriétés physiques, la taille de la comète est estimée entre 600 et 1.200 mètres.
En ce qui concerne le probable compagnon, 252P/Linear, qui a nous a aussi rendu visite le 21 mars, une autre équipe devrait publier prochainement les images qu’elle a réalisée avec le télescope spatial Hubble.