Retour en images et impressions sur Geneviève de Brabant à l’Opéra Berlioz Montpellier

Publié le 25 mars 2016 par Idherault.tv @ebola34
Retour en images et impressions sur Geneviève de Brabant à l'Opéra Berlioz Montpellier

Geneviève de Brabant à l'opéra Berlioz - Montpellier

de Jacques Offenbach

Vendredi 18 mars - 20h

Jacques Offenbach (1819-1880)

Opéra-bouffe en trois actes

Livret d'Hector Crémieux et Étienne Tréfeu d'après la légende de Geneviève de Brabant

Création le 19 novembre 1859 au théâtre des Bouffes-Parisiens

Version de 1867, révisée par Jean-Christophe Keck - 2015

Geneviève de Brabant ou Bienvenu au lotissement Curaçao

" Ah que c'est drôle ! ah que c'est bête ! "

(Couplets de la poule, Premier acte)

Une immense affiche publicitaire barre la scène, occultant plus de la moitié du décor. Elle est si vraie, si convaincante, qu'une de mes voisines s'inquiète : " Eux aussi, ils en sont là. Réduits à faire de la pub, c'est comme sur les rideaux de cinéma, avant ! "

Ça y est, d'entrée de jeu nous voilà plongés dans l'univers frapadingue de cet opéra-bouffe atypique. Des ménagères, très housewives, sortent de leur pavillon " grand standing " et très vite on découvre la vie au lotissement Curaçao, d'autant que ce pavillon, d'un beau bleu lavande, est celui du Duc Sifroy de Brabant, maître du pays. C'est son palais ducal ! En arrière plan, à l'angle de l'autre pavillon, domicile de Brigitte, clone rose du premier, un feu tricolore rythme de ses éclats une circulation routière que l'on devine.

L'histoire reste sans grand intérêt, un livret pseudo-historique, sensé se dérouler au VIIIe siècle, voire au XIIIe siècle, mettant en scène une légende pieuse (voir l'argument, à la suite). Manifestement le génial Carlos Wagner, le metteur en scène, en a décidé autrement. Nous sommes au XXe siècle, peut-être même de nos jours, et cela ne nous gêne pas (ou plus !).

De grands moments de délire. Wonder woman decendant des cintres sur le plateau n'en offre pas le moindre. Le texte parlé, bien accommodé à la sauce Wagner et Prins, ne se refuse rien. On aura, les vacances en Corse, Geneviève de Fontenay, Saint-Tropez ; on jongle avec les anachronismes, gardes ducaux à bicyclette, un ermite nain de jardin et une grotte-caravane.

L'arrivée de Charles Martel, statufié et à roulettes, s'exprimant par la voix de son livreur-accompagnateur, donne le prétexte à une délirante expédition contre les Sarrasins. Casseroles sur la tête, lances balais lave-pont à l'épaule, la troupe de Brabant a vraiment fière allure. Et cela finira par une fête, à " tout casser ", chez Charles Martel, à Saint-Tropez. Par la magie de l'ermite, et d'une toiture opportunément soulevée, nous découvrons un Sifroy, en fourreau lamé or et couronne isiaque, phénoménal drag queen caricature d'une gigantesque Cléopâtre, emporté par le tourbillon des folles soirées tropéziennes. " Nous ne sommes pas Sarrasins, mais nous sommes bien infidèles ", repris en chœur par les fêtards ce refrain, lui, reste fidèle au ton de l'œuvre. Derrière une légèreté très Second Empire se dissimule un constat plus sérieux : " En vérité, Geneviève de Brabant est un joyeux prétexte pour rire de tout - surtout de nos gouvernants - et plus généralement de la bêtise humaine ! "

Évidemment, tout finira par " des chansons ", en un endiablé happy end.

C'est presque irracontable... il fallait le voir pour le croire !

Il y a pourtant un beau support musical, authentiquement offenbachien, sous la baguette d'un chef magistral, l'enjoué et jovial Claude Schnitzler. Travail remarquable de musicologie car l'œuvre représentée est une synthèse, fusion de deux versions, celle de 1859 et celle de 1867. Un travail ardu auquel se sont livrés par un savant découpage-assemblage, Carlos Wagner et le maestro Schnitzler.

Quant aux interprètes, ils sont bons et la situation ne les tourne jamais, paradoxalement, en ridicule, loin s'en faut. Excellente Jodie Devos, campant une pétillante Geneviève de Brabant, sensuelle Diana Higbee, livrant une Isoline dont le personnage par instants se transforme en Barbarella. La sculpturale Sophie Angebault, attirante même avec ses bigoudis, côtoie avec bonheur le " travesti " de l'histoire, Valentine Lemercier, jouant un entreprenant et espiègle Drogan. Les messieurs ne sont pas, non plus, à mettre de côté. Majestueux et ambigu Sifroy, porté la belle voix du ténor Avi Klemberg et son ample jeu de scène, infâme Golo, dont le baryton Jean-Marc Bihour sait à merveille rendre la duplicité et le ridicule. Ils sont bons... tous bons, vous dis-je !

Un petit clin d'œil en direction des deux pandores cyclistes, Grabuge et Pitou. Chanteurs, acteurs, acrobates, ils sont parfaits dans deux rôles taillés sur mesure. La jeune Charlotte Gleize (ou Méline Gros ?), admirable dans la puissance de son aigu à la limite du supportable, campe un Arthur odieux à souhait, mais pour un enfant loué aux Galeries Lafayette !

La trouvaille, faisant le bonheur d'un nombreux public, a été de nous convier à une visite du plateau et des remarquables décors de Rifail Ajdarpasic. Durant l'entracte, découvrir à le " toucher du doigt ", un univers étonnant de qualité et de technicité, ce que l'on appelle habituellement l'envers du décor, en a ravi plus d'une ou plus d'un. À sa descente du plateau un visiteur me confie : " Ces maisons sont si bien construites, si solides, que je serai prêt à y habiter ! " Féerique, magique, impressionnant ! (voir notre album de la visite)

Encore un grand bravo à l'OONM et à sa direction pour, une fois encore et quelle que soit la programmation, continuer à nous proposer un choix d'œuvres touchant à l'excellence... et en plus on s'y amuse !

L'argument " Au cœur d'un Moyen-Âge de fantaisie, le duc Sifroy, époux de Geneviève, règne sur le Brabant. Tout serait simple si Golo, son vil conseiller, ne tentait pas de prendre sa place! Pour arriver à ses fins, il accuse Geneviève de tromper le souverain. La situation devient vraiment critique lorsque Sifroy est appelé à rejoindre Charles Martel et son armée en laissant Geneviève et le Brabant aux mains de son bien infidèle conseiller Golo... Heureusement, le jeune Drogan veille. " Direction et distribution

Claude Schnitzler, direction musicale

Carlos Wagner, mise en scène

Jodie Devos, Geneviève

Valentine Lemercier, Drogan, Ermite du ravin

Sophie Angebault, Brigitte, Christine, Églantine

Diana Higbee, Isoline

Avi Klemberg, Sifroy

Sebastien Parotte, Charles Martel

Kevin Amiel, Vanderprout le bourgmestre

Jean-Marc Bihour, Golo

Thomas Morris, Narcisse

Enguerrand de Hys, Pitou

Philippe Ermelier, Grabuge

Rifail Ajdarpasic, décors

Christophe Ouvrard, costumes

Fabrice Kebour, lumières

Noëlle Gény, chef de choeur

Choeur de l'Opéra national Montpellier Languedoc-Roussillon

Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon

Liens http://www.opera-orchestre-montpellier.fr/evenement/genevieve-de-brabant Vidéos

Teaser de G. de Brabant (oonm)

Quelques clichés pris lors de la représentation :

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