Ne vous fiez pas à son style hip-hop ! Même si José James arbore une casquette à l'effigie des Yankees et un survêtement XXL, ce jeune artiste n'a rien d'un rappeur extravagant. C'est un crooner qui s'inspire directement du jazz en sens pur et premier du terme...
Un nom pour un style musical.
José James, 28 ans est ce que l’on appelle un crooner, un vrai.
Aucun amalgame possible, à cet âge il n’ya que lui dans le milieu, une particularité qui fait sa force. Il découvre le jazz à 14 ans en écoutant ce morçeau de Duke Ellington « Take the A train ». C’est la révélation. Bercé par le hip-hop des années 90 il s’interesse à un style musical qu’il ne comprenait guère jusqu’à ce moment. « Tout ce que je connaissais du jazz était très confus. Je ne comprenais pas vraiment. Et puis j'ai entendu cet intense morceau. J'étais vraiment content. C'était si différent du Hip Hop des années 90 auquel j'étais habitué. J'ai vraiment aimé ce morceau de Duke Ellington, ça m'a rendu heureux. » Il commence à s’acheter des album de Duke, de Billie Hollyday, Charlie Parker qu’il écoute à longueur de journée pendant un été !
Ses influences
Mais il se met à chanter grâce à John Coltrane, c’est sa source d’inspiration.
« Quand j'ai écouté Equinox, j'étais comme passionné par ce son. Et j'ai essayé de trouver des chanteurs capables de chanter sur ses morceaux, une sorte de complément, comme Lester Young, Billie Holiday, Charlie Parker. Mais quand j'écoutais John Coltrane, je ne trouvais aucun chanteur pouvant égaler sa musique. Il y avait Betty Carter mais elle n'était pas assez avant-gardiste. J'ai senti qu'il manquait quelque chose. »
Prétentieux ? Non avant gardiste plutôt.
A l’époque c’est le hip hop que veulent chanter tout les kids afro de N.Y, lui aussi jusqu’à cette découverte.
« A l’époque, j’étais fan de A Tribe Called Quest. En fait, j'avais vraiment envie de devenir MC, mais je ne pensais pas avoir cette voix singulière. Parce que ça n'a rien à voir avec le chant. Et tous les rappeurs que j'aime, comme Andre 3000, Snoop, Biggie, 2pac ou encore Q-Tip, ont cette voix que tu aimes entendre. J'ai essayé quelques trucs, mais je n'aimais pas ma voix. Avant, c'était très important d'avoir une voix singulière, maintenant tout le monde peut rapper, ça n'a pas d'importance d'avoir une voix cool ou non. Donc j'ai décidé que je pouvais écrire mais que je n'avais pas la bonne voix, je pouvais rapper, mais je n'avais pas cette voix cool. Donc j'ai laissé tomber. Ma voix a changé, j'ai cette voix grave, donc j'ai essayé le jazz à la place. »
Son premier album
En janvier 2008, sort son premier album DREAMER.
« Pour mon premier album je voulais faire un projet classique. En effet, j'ai l'impression que les gens aiment les albums pendant quelques mois et après ne les écoutent plus. Et c'est triste, parce que même les artistes que j'adore, comme Mos Def, Erykah Badu, ou encore Andre 3000, je ne peux pas vraiment m'imaginer écouter leurs albums un an après. Et je pense qu'ils sont les meilleurs. Donc je voulais faire quelque chose d'universel et classique. Et le jazz a cette qualité. »
C’est clair qu’il est difficile de penser que José james n’a que seulement 28 ans.
Mais c’est sa force et ce qui fait qu’il est l’un des seul sur la scène jazzy.
« Je ne peux pas vraiment te citer un nom d'un chanteur jazz de mon âge, j'ai cherché. Il n'y a de toute façon que très peu de vocalistes jazz masculins.
Il n'y a pas vraiment eu beaucoup de chanteurs jazz. Et je pense de plus en plus que la perception du jazz se cristallise autour de 1958, beaucoup de Be-Bop quintet pour les instrumentaux. Pour les vocalistes, ça s'est cristallisé autour du style de Ella Fitzgerald. Je respect toute cette musique, mais je ne pense pas que c'est nécessaire de suivre ça. Je pense que la raison, c'est l'argent et que c'est dur d'être un chanteur de jazz et surtout de gagner le respect de la part de la communauté. Il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas ce que je fais dans la communauté jazz. Et ça peut être dur, parce que c'est un petit milieu et tu as envie que les gens respectent ton travail. C'est le challenge. Et les vocalistes de jazz ne sont pas pris au sérieux s'ils ont moins de 35-40 ans.
José James en compagnie d'Al Jarreau ( à dr.)
"Je pense que le challenge est : comment chantes-tu du jazz aujourd'hui ? On essaie tous de trouver. Je pense que le problème est : comment trouver un moyen de garder l'esprit du jazz assez fort tout en utilisant un langage contemporain. Parce que les artistes de jazz plus âgés ne pensent pas vraiment que le Hip hop ou le rap ou l'électro sont réellement de la musique. Et ils ne respectent pas ça. Mais pour des gens comme moi ou Robert Glasper, des gens plus jeunes, dans les 30-40 ans, on a grandi avec le hip hop. Je pense que Flying Lotus – avec qui il a fait un morceau, et avec qui il va collaborer encore – fait de la musique électronique qui dans un certain sens a la spiritualité du jazz. Mais je pense que le hip-hop est cool mais n'a pas pas la même interaction que tu as avec le jazz. »
José fait donc du jazz pour la génération hip-hop
Le myspace de José James
A savoir qu'il sera le 10 juillet à vienne dans le cadre du festival Jazz à Vienne!!!