On nous cache tout, on ne nous dit rien… Bienvenue aux
intoxiqués des théories du complot, refusant les versions officielles et de la presse
complice, forcément complice. Grâce à des fouineurs moins soucieux de lisser
l’information, la vérité éclate à leurs yeux rivés sur des écrans dénonçant les
responsables. Au choix, et selon les cas, les Illuminati, les Francs-Maçons,
les Juifs, les Américains, tel ou tel service de renseignements…
Oui, on se moque un peu. Mais un peu seulement. Car,
manipulation contre manipulation, la réécriture des faits est une source
intarissable pour les romanciers capables d’aller plus loin que le noir et
blanc. Marc Dugain est un maître en matière de démystification. Parce qu’il nous
mystifie…
Il ne fait pas l’économie du réel. Et
il l’envisage sous des angles inédits. On n’en a pas fini, d’ailleurs, avec L’emprise, trilogie dont
l’ouverture portait ce titre et le volume central, qui ressort au format de poche, Quinquennat. Le dernier volet vient de paraître : Ultime partie. dans la perspective
globale d'un semblant de conclusion. C’est en tissant très
serré que le romancier fait le nid d’une fiction censée révéler les dessous de
la vie politique française.
On cherchait, dans le volet initial, le centre du pouvoir. On
ne le trouvait pas, puisque de nombreux pans de la société exerçaient des
pressions en sens divers pour en acquérir une partie, au mieux de leurs
intérêts. La sphère économique étant, dans les faits, une des plus actives sur
le terrain de l’influence. Launay, favori de l’élection présidentielle et élu
pour un Quinquennat, a promis à son
principal adversaire, Lubiak, de lui laisser la place après un mandat. Si les
électeurs le veulent bien, évidemment. Encore les électeurs ne sont-ils ici que
des acteurs secondaires.
Car les services secrets américains possèdent une force qui
échappe au peuple et grâce à laquelle ils sont capables de peser sur le nouveau
président. A moins que celui-ci parvienne à se débarrasser de leur
« emprise », ce qui suppose de répondre à des coups tordus par
d’autres encore plus tordus…
Marc Dugain utilise les théories
du complot en romancier plutôt qu’en agitateur de peurs stériles.