Deux films en DVD qui nous racontent l'Europe des bas coté, des parias, voilà le projet de cette revue de DVD de février mars spécial cinéma d'auteurs :
Tout d'abord, "Mediterranea", de l’Italo-américain Jonas Carpignano présenté lors du dernier Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la critique vient de sortir le 2 février dernier chez Blaqout.
Jonas Carpignano est un réalisateur qui a passé son enfance entre New York et Rome. Il a toujours été sensible au thème de l’immigration, sa mère étant afro-américaine et son père italien.
Dans son premier long métrage, on suit le parcours de deux jeunes migrants du Burkina Faso, en quête d'une vie meilleure en terre européenne. Et qui vont atterrir, après un long voyage plein d’épreuves en tous genres dans la ville italienne de Rosarno, l’un des cas les plus célèbres de révolte immigrée dans l’Italie du sud, que les scènes finales du film aborderont.
Le film nous dévoile tout du quotidien particulièrement difficile de ces immigrés, qui sont confrontés à des conditions de vie particulièrement précaires et des conditions de travail proche de l'esclavagisme moderne, et qui vont vite constater que l'Occident n'es pas l'Eldorado promis et revé.
C'estt tout à l’honneur de ce cinéma là que d’être un passeur d’un réel que l’on ne connaitrait qu’à travers le prisme déformé des médias. On aime que le cinéaste s’intéresse à ce trajet humain d’autant plus que les personnages sont attachants, et les acteurs amateurs qui les incarnent sont d’une belle vérité.
Malheureusement, le film a du mal à transcender ce à ce parti pris naturaliste, tant et si bien que l’on a souvent l’impression de voir un reportage télévisé, aussi digne et sensible soit il. Il manque sans doute un peu trop d’idées de cinéma et de regard inédit sur ce quotidien des migrants, déjà traité avec plus de force dans d’autres récentes fictions, que ce soient Welcome de Philippe Lioret ou bien plus récemment Hope ou le documentaire l’Escale.
On aurait sans doute aimé plus de poésie, plus d’inventivité dans la mise en scène et plus de densité dans le scénario pour ressentir plus d’émotion face au destin pourtant tragique de ces deux personnages.
En l’état ce "Mediterranéa" qui avait visiblement séduit pas mal de festivaliers lors du dernier Festival de cannes reste un bel hommage à ces migrants que le cinéma a le mérite de faire vivre.
Bande-annonce : Mediterranea - VOST
Toujours chez Blaqout, mais sorti plus récemment le 14 mars dernier du film Tête Baissée, un film non plus italien mais bulgare , le 3ème long métrage du cinéaste bulgare Kamen Kalev, un metteur en scène qui a la particularité d'avoir été formé à l'école de cinéma parisienne de La Fémis et dont les deux premiers films ont été sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs cannoise Eastern Plays en 2009 et The Island .
Au casting, on a la surprise de découvrir un acteur bien de chez nous dans le rôle principal, Melvil Poupaud, ex jeune premier du cinéma d'auteur français ici méconnaissable dans le rôle d'un malfrat français vivant de combines en Bulgarie et qui va se retrouver méler malgré lui à un trafic de prostituées mineures de filles de l'est.
Lawrence Anyways plongé dans la mafia bulgare du proxénétisme il fallait y penser, et le résultat est assez sidérant tant l'acteur est convaincant en petite frappe viril mais néanmoins un peu trop fragile pour ce milieu sans pitié.
Dans une Bulgarie triste et sombre, de bidonvilles tristes en boîtes de nuit glauques, le scénario mélange plutôt habilement les genres que ce soit , le thriller, le portrait social et même la romance .
Tête baissée séduit par son côté polar plongé dans un décor d'un réalisme impressionnant et d'une authenticité sans faille, la plupart des acteurs jouant son propre rôle. Si l'intrigue s'éfiloche un peu dans la seconde partie, cette Tête Baissée n'en demeure pas moins un long métrage de bonne facture, passé hélas inaperçu en salles- il n'est même pas sorti sur Lyon- que sa sortie en DVD pourrait, je l'espère faire connaitre au plus grand nombre.
TÊTE BAISSÉE Bande Annonce (Prostitution Bulgare - 2015)