Quoi de plus banal qu'un paillasson, tellement incrusté dans notre vie quotidienne qu'on n'y pręte plus gučre attention. Il y a ceux qui s'essuient les pieds dessus et ceux qui s'en lavent les mains. Ce qui n'est pas le cas de Fabrice Luchini et il nous le confie dans son livre qui vient de sortir "Comédie française, ça a débuté comme ça" et dont je vous recommande la lecture.
Mais revenons-en donc ŕ ce jeune homme ŕ l'aube de ses 20 ans, qui exerce le métier de coiffeur depuis ses 14 ans, et qui a été convoqué ŕ un entretien d'embauche par le grand Eric Rohmer, dans son bel appartement du 16čme arrondissement ŕ Paris :
"Le concept du paillasson. Ça n'a l'air de rien, mais c'est trčs important le paillasson. Quelle grandeur ! Quelle épaisseur ! Le grand paillasson s'affirme large dans l'immeuble chic, et il nous emmčne mine de rien sur le tapis qui recouvre l'escalier. C'est lŕ que ça se joue. Le Tapis. Le bonheur insensé que représente le tapis sur l'escalier, sa largeur. Sa certitude surtout, comparé ŕ la pauvre moquette de mon studio."