Moro-sphinx est un premier roman original. Une fois commencé on a envie de savoir ce qui va arriver à Lola. Ce premier roman est étrange comme le titre qui évoque un papillon de nuit.
Lola est une jeune femme, femme fatale qui se maquille à outrance, utilise les couleurs vives pour exister. C’est une femme brisée, en souffrance qui pour oublier ses blessures utilise le sexe comme remède.
Les douleurs intimes, familiales, l’insécurité sentimentale sont au cœur du récit. L’écriture est précise, hachée, très imagée, comme une collection de scènes de cinéma. Les odeurs, décors sont très présents dans l’écriture. Une écriture qui semble venir des tripes et qui suit ce personnage, pas une héroïne mais une femme avec ses blessures, ses traumas qui n’arrive pas à briser le cercle vicieux. Elle a des rites étranges, elle se cache derrière le masque du maquillage, pour elle le sexe est comme un combat, qui l’apaise mais où elle ne baisse pas la garde. Elle ne veut pas se laisser aller, le personnage est complexe, un peu dingue. Parfois elle peut être agaçante dans son jeu, son autodestruction mais elle est souvent touchante.
J’ai apprécié cette écriture sans concession, ce personnage hors norme, la narration qui est à la fois celle du personnage principal et de son entourage. Le portrait de Lola est sans concession, borderline parfois dure mais je l’ai trouvé attachante finalement. Son rapport au sexe, d’habitude davantage développé pour les personnages masculins que féminins est bien décrit par l’auteur sans jugement. L’auteur constate les actions, les tentatives de son personnage pour trouver sa place, réagir face à Dove le voisin d’immeuble qu’elle va rencontrer.
Elle la décrit avec tendresse, empathie et j’ai aimé ce côté bienveillant dans l’écriture même si l’histoire est noire, le côté à la fois réaliste et fou du personnage entre fantasme et réalité. Parfois, on se perd un peu dans le tourbillon de ses pensées mais l’auteur nous rattrape au vol à chaque fois et la fin donne une autre vision de Lola.
La construction est aussi étonnante car il n’y a pas de chronologie, on a juste des jours, puis des dates sans année. La chronologie des évènements se met en place que vers la fin du récit ce qui insécurise le lecteur comme l’héroïne. Une belle maîtrise en tous cas pour cette jeune auteur. Un premier roman avec un ton, une écriture originale loin des clichés, une histoire étrange comme le nom curieux du roman.
Donc si vous voulez sortir des sentiers battus et découvrir une femme hors normes découvrez Lola, en tous cas une plume à suivre à l’avenir celle de Julie Estève.
Nathalie ( eirenamg)