"Je m'ai bien régalé", c'est ce qu'écrivait Pierre Desproges dans les livres d'or des restaurants qu'il visitait ... en signant Marguerite Duras. C'est en tout cas ce qu'il aimait raconter, je n'ai pas pu le vérifier. Pour la part, ce n'est pas une plaisanterie. Je me suis vraiment régalé depuis quelques semaines en compagnie des uns et des autres.
D'abord une soirée chez Olivier C en compagnie de la "fine équipe" habituelle, complétée par deux amis de Patrick, également amateurs de vins (donc, des gens recommandables). Nous avons démarré par un tartare de loup (le poisson, je précise) que la pomme verte, le radis et la ciboulette empêchent de sombrer dans la mollesse.
Le vin servi jouait aussi son rôle : fin, précis, intense, tendu sans être raide, rond sans être obèse, avec une aromatique complexe : beurre fumé, noisette, citron confit, sous-bois... On partirait plutôt sur Chablis. Mais lorsqu'on connaît Olivier, on n'est pas vraiment surpris d'apprendre que c'est un Muscadet 2004 de Brégeon élevé sur lie durant 8 ans. Quelques jours plus tard, j'étais chez géniteur(non, ce n'est pas ce vin qui m'a décidé : c'était déjà programmé...)
Rien ne vaut une belle assiette de charcuteries pour se tapisser les artères (le jambon était très bon) !
Avec un très bon Beaujolais Villages "La bonne pioche" 2011 de Michel Guignier. Pour un vin non protégé par le soufre, il avait encore beaucoup de fruit et ne montrait aucun signe de fatigue. Olivier nous avait déjà fait déguster une autre cuvée de ce producteur en biodynamie. Cela donne vraiment envie d'en savoir plus (et il parait qu'il est très sympa, pour ne rien gâcher).
Et hop : pâté au pomme de terre (tu m'étonnes que j'ai frôlé l'infarctus en me pesant le lendemain...)
Comme tous les autres vins, cette Cuvée Orégane 2009 de Ganevat était servie à l'aveugle. A peine j'avais mis le nez dessus, je me suis dit "ça, ça pourrait venir de chez nous (NDLR : de chez Vins Etonnants). Il fait un peu nature, mais pas trop". Effectivement, le nez est sur la pomme au four, les fruits secs, avec un peu d'agrume confit et d'épices. La bouche est riche sans être pesante, avec une acidité traçante. C'est vraiment très bon. Pas totalement surpris à la vue de l'étiquette, même si j'aurais bien incapable de le trouver, soyons honnête.
Un vin rouge a été également servi avec le pâté au pommes de terre : un nez très aromatique sur la griotte, le noyau, les épices, à la fois fin et affriolant. Une bouche pure, fraîche, soyeuse au fruit éclatant. C'est vraiment extra. Eh bien c'est le Sancerre rouge 2013 de Vincent Gaudry (je n'ose pas écrire le nom de la cuvée tellement il est ridicule). Je suis très agréablement surpris, car autant j'étais fan des blancs de ce producteur, autant je n'avais jamais accroché sur ses rouges.
Normalement, le Saint-Nectaire, c'est le roi du plateau de fromage, mais ce soir là, il a été détrôné par une tomme de Savoie céronnée absolument magnifique. C'est d'une complexité aromatique que j'ai rarement eu sur un fromage sans que ça arrache trop la g...
Normalement, il était prévu de boire un Château Bel Air Marquis d'Aligre 1995, mais ce c... était bouchonné. Une mésaventure qui est arrivée le lendemain avec un de nos clients avec la même bouteille du même millésime. Olivier a donc ouvert au débotté un Chinon Coteau du Noiré 2007 d'Alliet. Du Cabernet Franc de Loire comme on aime : du cassis poivré intense, avec une belle fraîcheur, des tannins denses polis par le temps, de la digestibilité. On recommencerait presque un autre repas.
Le dessert est mon apport de la soirée : c'est un crumble aux pommes. Ces dernières ont cuit dans un caramel au cidre, le crumble est à base de sarrasin et de noisettes, et la chantilly est parfumée au muscovado et à la fèvre tonka. L'idée était d'accompagner un cidre Carpe diem 2011 du domaine de Kervéguen. L'accord était très réussi.
Les bouteiilles de la soirée (avec deux intruses. Les trouverez-vous ...)
Deux jours plus tard, j'étais du côté de Nantes, chez un ami musicien, amateur de vins et de gastronomie, rencontré via LPV et Facebook. Le samedi soir, il m'a accueilli avec un imposant baeckeoffe - il est alsacien d'origine - accompagné d'un superbe Muscadet 1995 de Vincent Caillé. Le lendemain matin, nous avons préparé un repas à quatre mains. Raoul a fait l'entrée : des gambas marinées dans de l'huile d'olive et de la menthe fraîche, avec un velouté de petits pois et une fondue d'oignon à la badiane. C'était vraiment extra (j'ai encore le goût en bouche de ces oignons anisés...)
Avec évidemment un Riesling GC Kastelberg 2008 de Kreydenweiss, un ami commun. Le nez est dominé par les notes terpéniques, avec une touche de cire et d'agrume. La bouche est élancée, dans un style pur et aérien. On est dans la finesse ultime, et en même temps, il y a de l'énergie et de la puissance. Bref, suprême équilibre.
Nous avons poursuivi avec une version poissonneuse (bar de ligne) de mon faux-risotto au fenouil. Comme j'ai fait pocher le poisson dans un fumet préparé avec ses "déchets", je lui ai apporté du croustillant avec le crumble parmesan/noisette/fenouil.
Pour l'accompagner, un Côtes de Provence Nowat de Dupéré Barrera.
J'ai écrit ICI tout le bien que j'en pensais.
Et pour finir, oui, le même dessert que deux jours plus tôt. Si ce n'est que les pommes ont juste été poêlées au beurre, cette fois-ci (ben oui, j'avais prévu le coup et préparé beaucoup de crumble et de chantilly).
Pour voir le repas/dégustation que j'ai animé à Nantes aux Chants d'avril, ça se passe ICI.
Ben là, je suis de nouveau chez Olivier C, mais le dimanche midi suivant, avec ses parents et sa bien aimée. J'ai l'ordre de ne rien apporter. Je me mets juste les pieds sous la table. Pas désagréable, ma foi. Nous démarrons avec des rillettes du domaine de Saint-Géry. Elles sont très parfumées et bien assaisonnées, même si encore un peu trop grasses (je sais, c'est le principe même des rillettes, mais tout de même...).
Comme d'hab', le vin est servi à l'aveugle. Mais bon, ça "pue" le blanc de blancs champenois à 5 cm du verre : noisette, pain grillé, pomme chaude. La bouche est précise, tonique, avec des bulles fines pas trop envahissantes. La finale est juste crayeuse comme il faut. Pas de surprise à la découverte de l'étiquette : Legras, c'est LE fournisseur champenois de notre ami caviste et breton, Gaëtan.
L'entrée préparée par Olivier est non seulement belle, mais elle est délicieuse, avec un bel équilbre des saveurs : l'embeurrée de chou vert va très bien avec les Saint-Jacques ... et les petits lardons aux pignons caramélisés au sirop d'érable... Didiou !
Le choix d'un Vouvray tendre est très malin : il y a juste ce qu'il faut d'acidité et de douceur, avec une matière bien mûre. Les saveurs miellées du vin collent bien avec la sève d'érable. On se régale avec ce Grives soûles 2009 de Perrault-Jadaud (déjà commenté sur ce blog ICI).
Le boeuf bourguignon a été préparé par Sandrine. La viande est moelleuse, la sauce goûtue (faite avec un bon vin bio du Languedoc - peut-on appeler ça un Bourguignon, dans ce cas-là ?), et les pâtes maison sont des spätzle puisqu'à base de blé tendre. J'en ai pris jusque quelques unes pour goûter, car comme beaucoup d'entre vous le savent, j'évite le gluten autant que possible (j'ai pris en photo l'assiette de ma voisine).
Lorsque j'ai senti le vin, je me suis dit comme l'autre soir "ça, ça vient de chez nous". Nature sans être trop barré : il y a du floral (entre rose et pivoine), un peu de cerise, et des odeurs de terre fraîchement retournée. En bouche, c'est fin et frais, épicé mais ça manque cruellement de gourmandise. Résultat : c'est pas mauvais, mais on s'emm... Ce Pinot noir les Pierres chaudes 2012 de Meyer (qui vient bien de Vins étonnants) est dans une phase ingrate : il a perdu son fruit de jeunesse tout en n'ayant pas gagné la complexité due au vieillissement. L'aura-t-il un jour ?
Olivier avait lancé un challenge à sa mère : faire une recette issue de mon blog pour le dessert, tout en sachant que je serai pour la déguster. Elle a relevé le défi : ce fut un roulé au thé matcha et lemon curd. Eh bien c'était très bon, avec un citron plus marqué que le matcha, mais c'est pas plus mal. Quand il y a trop de thé vert, c'est vite immangeable.
Il y avait en cadeau bonus une deuxième recette de mon blog, en mieux réussie. Sincèrement !
Merci à tous pour ces beaux moments de convivialité et de gourmandise !