La technologie a profondément modifié notre rapport au monde en bouleversant entres autres les notions de temps et d’espace : en un seul clic nous pouvons désormais communiquer avec une personne située à des milliers de kilomètres, instantanément. Les objets connectés qui découlent directement de ces progrès technologiques bouleversent quant à eux notre rapport au corps, à notre corps. Les différents capteurs, bracelets, patch intelligents et autres applications mobiles sont aujourd’hui, et demain plus encore, capables de mesurer toutes sortes de données afin de contrôler notre état de santé ou améliorer notre bien-être. 81 % des médecins considèrent même ces objets connectés comme une opportunité pour améliorer la qualité des soins et 80 % des patients les considèrent comme des outils de prévention utiles.
Mais tous ces objets connectés sont-ils vraiment utiles ? Quels usages et quelle place doivent-ils occuper dans le système de soins actuel ? Comment doivent-ils être utilisés ou pris en charge ? Face à toutes ces interrogations le Conseil de l’Ordre des Médecins a publié un livre blanc où il expose ses recommandations sur le sujet.
Six recommandations pour un usage des objets connectés régulés
Face à la quantité d’objets connectés, il est souvent difficile de savoir ce qui est bon à prendre ou à jeter, à plus forte raison lorsque l’on est un simple utilisateur. Le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM ) a donc décidé de prendre position sur la question et à la surprise de certains, le CNOM n’est pas forcément défavorable à l’e-santé, bien au contraire : il estime même que certains objets de santé connectés pourraient ainsi être pris en charge par la collectivité dans la mesure où leur efficacité et bienfaits thérapeutiques seraient démontrés de manière objective et scientifique. Dans ce cas-là, ils seraient donc remboursés par la Sécurité Sociale.
Pour l’Ordre, il faudrait dans un premier temps définir le bon usage de tous ces objets afin que leur utilisation soit réellement bénéfique dans le cadre de la relation patient / médecin. Il estime en ce sens qu’une régulation adaptée et graduée à l’échelle européenne est nécessaire pour encadrer la santé mobile. Cet encadrement devra notamment reposer sur la confidentialité et la protection des données qui seraient recueillies par ces objets connectés. La sécurité des données récoltées est en effet une problématique centrale de l’e-santé et soulève à juste titre nombre d’inquiétudes. La sécurité informatique apparait donc comme un pré-requis indispensable pour ne pas remettre en cause la sureté sanitaire.
La troisième recommandation concerne logiquement la véritable efficacité de tels outils / gadgets. L’évaluation scientifique doit donc se poursuivre et être menée par des organismes indépendants pour éviter tout conflit d’intérêt. Un dispositif de vigilance pourrait même être mis en place afin que les utilisateurs puissent dénoncer facilement toute défaillance ou dysfonctionnement.
Pour le CNOM, il s’agit également d’utiliser de manière éthique toutes ces technologies et promouvoir en ce sens la litératie numérique. Professionnels de santé comme patients et industriels doivent ainsi être clairement informés de l’utilité mais également des limites voire des risques liés à l’utilisation d’objets connectés. Une utilisation consciente et responsable des différents acteurs apparait en effet indispensable pour éviter tous types d’abus.
Enfin, pour le CNOM c’est aux pouvoirs publics de prendre à bras-le-corps le thème général de l’e-santé et mettre en place une véritable politique nationale relative à la santé numérique.
Il faut bien reconnaitre qu’il reste donc beaucoup à faire.