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Manger bio pendant la grossesse protège le foetus

Publié le 23 mars 2016 par Bioaddict @bioaddict
Manger bio pendant la grossesse diminue le risque de malformations congénitales du bébé, selon une étude scientifique menée en Norvège. L'alimentation des femmes enceintes expose en effet les foetus aux effets des pesticides. D'autres études ont par ailleurs révélé que la santé des enfants peut également être affectée par l'exposition des parents aux produits chimiques.

Deux malformations des organes sexuels -hypospadia et cryptorchidisme (1)- sont en augmentation depuis quelques années chez les garçons nouveaux-nés et les raisons n'en ont pas été clairement identifiées. C'est pourquoi l'Institut norvégien de santé public a mené en 2015 une étude auprès d'un échantillon de plus de 35 000 femmes enceintes. Objectif : savoir si leur alimentation -bio et non bio en l'occurrence- pouvait avoir une incidence.

L'étude a considéré les futures mères qui consommaient " quelquefois ", " souvent " ou " principalement " des produits bio comme ayant une alimentation biologique. On est loin de repas exclusivement bio. Pourtant, cela a fait la différence. L'étude a ainsi révélé que les femmes consommant des produits bio pendant la grossesse ont moins de risques de donner naissance à un enfant atteint d'une des deux malformations, l'hypospadia.

Les produits suivis, à travers un questionnaire, étaient les fruits, les légumes, les céréales, le pain, le lait, les produits laitiers, les oeufs et la viande. Ce qui a permis d'observer une association plus étroite entre la consommation de légumes et de produits laitiers bio et l'absence d'hypospadia.

L'exposition des parents aux produits chimiques peut entraîner des malformations chez leurs enfants

Ces résultats complètent des informations connues. On savait déjà que l'exposition directe aux pesticides des futures mères augmente le risque des malformations chez leurs enfants. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) l'a établi en 2013 (2) en compilant de nombreux travaux de recherche. "Plusieurs études cas-témoins montrent une augmentation du risque de malformations congénitales chez les enfants des femmes vivant au voisinage d'une zone agricole ou liée aux usages domestiques de pesticides (malformations cardiaques, du tube neural, hypospadias)" explique notamment l'Inserm.

A la fin des années 1990, le Professeur Charles Sultan (3), qui a obtenu un prix mondial d'endocrino-pédiatrie en 2011, avait découvert un lien entre les malformations citées plus haut et l'exposition des deux parents aux pesticides, par leur profession (notamment les agriculteurs et employés agricoles) ou leur environnement (proximité de champs et vignes traités). Selon lui, les conséquences concernent notamment les petites filles. Les cas de pubertés précoce, dès l'âge de 7 ou 8 ans, sont en effet de plus en plus nombreux.

"L'environnement augmente le risque de malformations génitales lié aux perturbateurs endocriniens de 1 à 4,5 notamment lorsque les parents sont agriculteurs" et utilisent des pesticides, explique-t-il, soulignant l'importance du taux de pesticides dans le lait maternel, "ce taux étant trois fois supérieur chez les garçons nouveaux-nés sur lesquels on a observé une cryptorchidie".

Le Pr. Sultan précise qu'en 2006 une analyse du sang du cordon ombilical menée par des équipes américaines avait montré que 250 substances chimiques s'y trouvent dès la naissance. "Les nouveau-nés sont contaminés dès la période néonatale et il faut donc protéger le foetus contre des milliers de polluants" explique-t-il.

Toutes ces anomalies s'accompagnent de problèmes psychologiques et favorisent l'apparition de cancer à l'âge adulte, alerte le médecin. Elles sont dues aux substances chimiques présentes dans les pesticides qui entrainent des perturbations hormonales. Et qui se retrouvent dans les aliments mais également dans notre environnement. "Les perturbateurs endocriniens sont cancérogènes mutagènes et reprotoxiques, ils peuvent avoir des conséquences chez l'enfant : malformations génitales, retards de croissance, problèmes pubertaires, obésité" explique le Pr. Sultan.

Tous ces produits chimiques toxiques entrent dans le corps par ingestion, inhalation, absorption ou transfert placentaire. Beaucoup de ces polluants sont lipophiles et se retrouvent donc dans le tissu adipeux, le lait humain et le liquide amniotique. Les traces de produits présents chez le nourrisson deviennent des grammes plus tard dans le corps humain. Pour se protéger et protéger son enfant, une seule solution : privilégier une alimentation bio sans pesticides.

Anne-Françoise Roger

1) malformations de la verge (hypospadia) et des testicules (cryptorchidisme)

2 ) Lire l'étude de l'INSERM : Pesticides : les effets sur la santé

3 ) Lire l'étude du Pr. Sultan Risques chimiques au quotidien : Quelle expertise pour notre santé ?


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