Hello Christophe, tu es le premier homme couturier invité sur le blog et c’est un grand plaisir ! Si je ne me trompe pas, tu travailles le bois, tu joues super bien de la guitare, tu pratiques le yoga, tu fais des super pizza et… tu es aussi l’heureux papa de 2 p’tits loups pour qui tu couds. Tu partages des morceaux choisis sur ton blog : 2filet2 bois . Voila pour qui ne connaîtrait pas encore ton univers.
Beaucoup de débutants ont peur de se lancer et si j’ai bien suivi ton blog, tu as commencé plutôt récemment la couture et pourtant rien ne t’arrête : déguisements, robes, jupes (adorables) et chemises… Quels conseils donnerais-tu à celles et ceux qui ont peur devant leur machine pour oser sauter le pas ?
Le conseil principal, c’est de s’amuser. C’est vraiment ce qui m’a motivé à faire de la couture. En vrai, j’ai commencé par restaurer une très vielle machine SINGER à pédale. A l’origine je ne voulais que garder le meuble en bois pour en faire un petit secrétaire (j’aime bien l’idée du meuble transformé). Mais ça aurait été dommage, car la machine est belle et l’envie de la faire fonctionner bien trop grande. Au début les points sautaient, le fil cassait ou faisait des nœuds, bref elle marchait pas. J’ai donc commencé à coudre pour vérifier ma restauration. Et contre toute attente, ça m’a amusé. J’ai réalisé quelques torchons puis un ourlet sur un jeans (le bout du monde). J’ai vraiment beaucoup aimé jouer avec mon antiquité et tout est parti de là. J’avais vraiment pas d’autre objectif que de m’amuser.
Qu’est-ce qui t’a décidé de ton côté ? Comment perçois-tu la place d’un homme dans le milieu de la couture ?
La suite a été un prétexte pour jouer avec la MAC. Puis en commençant un patron avec un livre japonais pour enfants, j’ai découvert et aimé le côté ingénierie de la couture. Je livre ici, au passage, deux photos inédites de ma première robe en lin avec haut doublé svp (même pas peur). On parle d’ailleurs tous de nos ‘projet’ couture. On modélise, on maquette (même si on appelle ça une toile), on cherche des techniques adaptés au besoin, on gère des ressources matérielles et parfois humaines, un planning. Bref tout ce que j’aime aussi dans mon métier. Et surtout on a un produit fini, une réalisation très personnelle. Et finalement si je poursuis le comparatif, présenter et effectuer la validation client, c’est un vrai bilan projet, un compte rendu de réalisation. On retrouve d’ailleurs souvent les mêmes éléments dans les articles des blogueurs : retour d’expérience, complexité et problématiques rencontrées, bilan financier, consommation du temps passé. On regardant la couture sous cet angle, j’y vois pas une activité réservée aux femmes. Ce qui me va bien, c’est que finalement, on discute jamais vraiment ‘chiffon’ entre couturiers mais plutôt technique, tissu, matière et très rarement de ce qui est mode ou pas. Je trouve qu’il y a d’ailleurs un grand respect sur les goûts et couleurs (heureusement pour moi, j’ai strictement aucun goût). La seule limite est que je cantonne à coudre pour moi et mes enfants, mais il y a déjà largement de quoi faire.
Je me suis jamais vraiment posé la question de la place de « l’homme qui coud », son image ou sa représentativité. Après quand on parle du métier de tailleur, on se figure souvent que c’est un homme, non ? Et parfois, c’est même juste une couverture pour des agents secrets (cf le film Kingsman). Je dis ça, je dis rien ;))
En parlant de chemises… Ta nouvelle lubie m’a furieusement donné envie de m’en coudre, alors je sollicite ton coaching. Maintenant que tu es un expert, quelles sont les points à ne pas négliger selon toi et tes conseils pour réaliser une belle chemise portable ?
Ah la chemise… Je crois que j’ai enfin trouvé le vecteur pour commencer à faire des vêtements pour moi. J’ai bien fait quelques tests l’année dernière, une veste et surtout un gilet. Mais c’était sans doute un peu tôt et ambitieux. Avec ces chemises, dont le cahier des charges précisait qu’elles puissent être portées au boulot, je me suis confronté à l’exigence des finitions. Pour mes premiers vêtements, même pour mes enfants, faut pas trop regarder à l’intérieur. Pour les dernières robes de ma fille, j’avais déjà fait des progrès : fermetures invisible, raccords de l’apocalypse, …
Et donc le secret pour une chemise, c’est la rigueur et encore de la rigueur comme disait ma prof de math de Terminal. Et il n’était pas question d’écrire une équivalence entre 2 expressions alors qu’il ne peut y avoir qu’une implication ! Donc de la rigueur et en particulier sur les marges de couture surtout avec les coutures rabattues. Sinon, pour les étapes clés comme le montage du col, faut un peu de patience et surtout comprendre ce qu’on fait et pour ça ne pas hésiter à regarder différentes techniques de montage. Je suis loin d’être un expert Miami de la chemise, mais maintenant j’ai la démarche en tête et quelques automatismes.
Quelles sont tes inspirations coutures pour tes enfants et maintenant que tu as pris cette bonne résolution, pour toi ?
Quand j’ai commencé à chercher des excuses pour utiliser ma MAC, j’ai regardé les robes pour ma fille. Je suis tombé un peu par hasard sur Thread&Needles et j’ai vu beaucoup de très belles réalisations. J’ai suivi les liens et découvert les blogs. Le blog qui m’a alors beaucoup passionné, c’est celui de « Oui, Patrons ». Une couturière y retraçait notamment une analyse et une reproduction d’une robe vue dans « Game of Thrones ». C’était très documenté et surtout la partie patronage. Malheureusement le blog n’est plus actif. Mine de rien ça m’a aidé dans mon projet de costume folklorique Alsacien pour ma fille.
Pour ce qui est des vêtements pour moi, j’ai pas vraiment d’inspiration. J’aime bien le chic anglais parfois un peu décalé à tendance steampunk. Et j’ai aucune idée sur comment je vais traduire ça dans mes prochains projets, mais c’est l’objectif en tout cas. On verra aussi si j’ose porter tout ça, car pour l’instant je qualifierai mon vestiaire d’austère au mieux voir monacal tout en nuance de gris avec une touche de bleu nuit.
Quelle est ta playlist et ton moment favoris pour une session couture ?
Ma playlist côté musique est très variée. Mais quand je couds ou bricole, j’aime bien écouter des albums live. J’aime bien l’énergie qui s’en dégage et une certaine continuité. Il m’est par exemple impossible d’écouter la radio. Mon esprit cherchant tout le temps à rechercher ce qui passe, le nom de l’artiste, c’est quoi déjà cette pub ? Bref je me laisse distraire. Ces derniers temps je suis retombé sur l’album Pulse de Pink Floyd. Côté goût musicaux j’ai des décennies de retard et je viens de découvrir un jeune guitariste prometteur et très talentueux nommé John Mayer. C’est dire si j’ai pas de l’avance.
On trouve aussi, dans ma playlist, le générique de bob l’éponge et peppa pig en alternance avec les chansons Disney (reine des neiges) et les musiques de starwars ou la compagnie créole. Ben oui, on ne maîtrise pas toujours son fond musical avec les enfants. Et j’ai de la chance, je suis sorti de la période trotro (un enfer ce générique).
Quand à mon moment favori, j’hésite. Car j’aime beaucoup quand le tissu est découpé et qu’il faut préparer le plan de couture. Je pose toutes les pièces et je lis ou réfléchis à la manière dont les opérations vont se dérouler. Il y a un côté stratège guerrier qui prépare la bataille que j’aime bien. Après cette étape on dit : A l’attaque !
Le yoga ! Alors là, j’ai envie de faire ma curieuse. Depuis combien de temps pratiques-tu le yoga ? Le quel est-ce ? Et qu’as-tu envie de partager à ce sujet ?
J’ai hésité à parler du yoga sur mon blog et mettre des liens. J’ai même pensé à ouvrir un autre blog dédié au sujet. J’ai pas trouvé encore le moyen de communiquer sur ce sujet. C’est quelque chose qui compte beaucoup pour moi depuis maintenant 6 ans. Je fais du hatha yoga et suis affilié à la Fédération Française de hatha yoga (FFHY). C’est effectivement important de le préciser car les courants du yoga sont nombreux et vont encore augmenter dans les mois qui viennent avec un déferlement annoncé venant des US.
J’ai commencé le yoga à un moment compliqué de ma vie. Je devais gérer beaucoup de choses en parallèle tant en privé, avec des problèmes de santé multiples et l’arrivée de ma fille, que professionnellement avec une nouvelle casquette de chef et de gestion d’équipe. Et malgré 3 à 4 séances de running et 2 de natation par semaine, je n’arrivais plus à évacuer le stress ni me vider la tête. C’est alors qu’on m’a fait 2 propositions : essayer un cours de boxe (full contact pour être précis) et un cours de yoga. Vu ma constitution, ma force physique et mon courage, j’ai choisi le yoga.
Et à la première séance, à la première posture, le professeur a dit : »Fermez les yeux, à l’inspire, levez le bras droit, tendez. Restez. Puis lentement à l’expire ramenez délicatement le bras. Observez le côté droit, le gauche. Voyez si quelque chose est différent. »
J’ai ressentit quelque chose à l’intérieur de mon corps et de mon mental. C’était complètement nouveau pour moi et j’ai vite compris que ça allait me convenir. Depuis, j’ai continué à pratiquer, à étudier et maintenant je suis la formation de la fédération pour devenir professeur. Le meilleur moyen de le partager est sans doute de venir à un cours et pratiquer.
Tu publies régulièrement des photos de pizzas sur ton feed IG (je ne te remercie pas, ça me donne à chaque fois grand faim). Peux-tu nous transmettre une de tes recettes inratables ?
En matière de filles, quand j’étais lycéen et jeune étudiant, on peut dire que je pouvais tout miser sur mon physique (comme disait l’autre). J’ai donc développé une stratégie à base de cuisine rapide, facile et modulaire pour les attirer. J’ai choisi la pizza. C’est mal hein ? Mais bon, j’assume :D
Et donc ma recette facile, c’est 250 grammes de farine, un sachet de levure boulangère, une pincée de sel et 15 cl d’eau tiède (le tiède, c’est le secret). Mélanger le tout jusqu’à obtention d’une pâte homogène et souple. Laisser reposer 1 petite heure puis à nouveau travailler la pâte avec une cuillère à soupe d’huile d’olive puis étalez-là sur une plaque avec papier sulfurisé. Mettre la source tomate et enfourner à four très chaud (200°). Laisser quelques minutes le temps de préparer la garniture en fonction de vos goûts : chorizo, jambon, poivrons, fromages, lardons, poulpes, escargots, algues, lichens, … les possibilités sont infinies. Rajoutez olives noires et origan (non facultatif et donc obligatoire). Disposez sur la pizza et retour au four chaleur max quelques minutes à convenance et servez avec une salade (c’est indispensable aussi)
Que peut-on te souhaiter pour 2016 ?
A peine le temps de regarder le calendrier qu’on est déjà à Pâques ! Faudrait que le temps ralentisse un peu pour faire tout ce que j’ai prévu.
Le mot de la fin :
Un grand merci à toi pour ce petit exercice. J’aimerai rajouter que j’apprécie particulièrement la communauté de couture, tricot et plus généralement les créateurs en tout genre qu’ils publient sur des blogs, Ig ou autre. C’est un vrai support pour se lancer vers des challenges toujours plus ambitieux et une source d’inspiration formidable. On y trouve de magnifiques personnes souvent très accessibles.
Merci Christophe de t’être prêté au jeu des questions-réponses avec autant d’humour, j’ai passé un très bon moment à te lire !