Bruxelles ma belle

Voilà, c'est arrivé chez nous aussi.

Cette terrible gangrène qu'est le terrorisme vient de frapper la Belgique et des lieux, enfin un lieu en particulier, que je fréquente presque chaque semaine, à cette heure matinale précisément. Par un heureux hasard, exceptionnellement, ni mon mari ni moi n'avions de vol prévu en ce mardi 22 mars car nous devions nous rendre, ensemble, à un rendez-vous personnel. Dès que j'ai appris le drame, je me suis précipitée dans son bureau pour l'embrasser car il se trouvait lundi encore, à 7h45 très exactement, dans ce hall d'entrée de l'aéroport de Zaventem. Vous dire que je nous trouve extraordinairement chanceux est un doux euphémisme. Cet endroit précis de l'attaque est celui par lequel nous passons, lui ou moi, chaque semaine entre 7h30 et 8h du matin. Et hier, nous étions sains et saufs, et ensemble.

Toute la matinée, nous avons reçu des textos, des emails, des " what's up " nous demandant où nous étions, si nous allions bien. Nos familles nous ont immédiatement appelés, pour s'assurer qu'aucun de nous n'était à l'aéroport ce matin-là. Nos collègues de tous les pays nous envoyaient des messages de soutien, vous-mêmes, chères lectrices parfois de l'ombre, m'avez envoyé des emails demandant des nouvelles. Tout cela était très touchant, vous ne pouvez pas imaginer ! Encore plus quand l'atmosphère autour est bizarre.

Oui, je dois vous avouer que cette matinée a été un peu irréelle. Chaque nouveau tweet nous en apprenait plus sur l'horreur de ce qui était en train de se passer, là, juste à côté de nous. Après Zaventem, c'était le métro. De quelques blessés, on passait à plus de 30 morts et des centaines de blessés. Nous pouvions entendre le bruit des sirènes des voitures de police et des ambulances, passant à vive allure devant nos bureaux du centre. Puis les portes des magasins se sont fermées une à une et la foule habituelle qui se presse sur l'avenue Louise à l'heure du déjeuner faisant défaut, un étonnant silence s'est installé vers 15 heures.

Il faisait assez beau hier sur Bruxelles, une odeur de printemps flottait dans l'air, les magnolias commençant à fleurir, les terrasses des cafés et restaurants s'installant sur les trottoirs, comme un prémisse aux prochaines soirées que l'on passerait à refaire le monde. Je venais tout juste de prendre un copieux (euh ... gargantuesque) petit déjeuner dans mon spot favori à côté du bureau, j'étais toute guillerette, heureuse de m'imaginer dans deux jours à Milan quand j'ai appris la nouvelle de l'explosion. Arrêt brutal de mes rêveries, place à la réalité et retour dans ce monde brutal et fou.

Pensons aux victimes, à leurs familles, à tous ces blessés, à ceux qui, ailleurs, dans d'autres villes et pays, ont déjà connu cette souffrance.

Pas de printemps pour la Belgique ... il a été mis sur pause pour un temps. Mais Bruxelles reste belle, malgré cette horreur, malgré cette folie. On écrit des mots d'amour sur les sols, Plantu et Le Chat nous envoient de beaux dessins, Soledad Bravi un joli coeur, même l'histoire de ces ballons est émouvante. D'ailleurs, il me faut vous la raconter pour terminer ce billet sur une note d'espoir.

Pourquoi ? Parce qu'ils m'ont été offerts par le patron du magasin qui devait être normalement fermé. Mais voilà, je suis rentrée au moment précis où il disait au revoir à son papa algérien, venu lui rendre visite pour s'assurer que tout allait bien. Je lui ai expliqué que je voulais faire une série de photos aux couleurs du drapeau belge, pour exprimer, à ma façon, mon soutien au peuple belge qui m'a accueillie depuis six ans. Nous avons décidé de ce montage. Au moment de payer, il m'a simplement dit qu' il m'en faisait cadeau, pour clôturer cette horrible journée sur une note positive, sur un don, en me répétant de ne surtout pas faire d'amalgame, chose dont son père avait justement très peur.

Voilà donc une belle petite histoire toute simple qui montre que tout est encore possible, qu'il ne faut pas baisser les bras et apprécier chaque instant. C'est aussi pour cela que le blog ne prendra pas de pause, parce que j'ai eu la grande chance de ne pas être là-bas hier matin, parce qu'il nous faut célébrer la vie, encore et toujours.

Bruxelles ma belle.

Je vous souhaite un tout bon mercredi.

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Photos by ©Colineseraconte.com

Ballons en provenance de " Ballons Events ", Chaussée de Charleroi 211 1060 Brussels. www.balloonsevents.be