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Scène 6 (Cont.11)

Publié le 22 mars 2016 par Nicolas Esse @nicolasesse

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Madame H. : Regarde le cordon de peau qui les relie
Ça dépend de vous.
Patrizia : Je vous demande pardon ?
Madame H. :  Vous savez bien que ça dépend de vous.
Patrizia : Vous avez fait tout ça juste pour tirer un coup ?
Madame H: Et pourquoi pas, après tout ? C’est vrai que la photo de mon mari avec cette jeune fille m’a énervée. Mais pas tant que ça, finalement. Il fallait de toute façon faire des travaux de façade, retoucher le ventre, remonter les seins… L’augmentation, je n’ai jamais voulu, mais le chirurgien m’a proposé quelque chose de discret, juste de quoi mieux remplir mon décolleté : regardez.
Se penche vers Patrizia.
Patrizia : Pas très spectaculaire. Vous n’aviez pas de poitrine, avant ?
Madame H : En taille de bonnet, je suis passée de B à C.
Patrizia : Tout ça pour ça.
Madame H. : J’aime bien mon nouveau décolleté mais je déteste la vulgarité.
Patrizia : Le silicone, moi je trouve ça vulgaire.
Madame H. : C’est vieillir qui est vulgaire. Vulgaire et mal élevé.
Patrizia : Heureusement que je suis là pour vous éduquer.
Madame H. : Vous êtes là pour que je mouille encore. Pour que je sois encore trempée au moment où cette main s’approche pour me toucher. Pour que la machine fonctionne. Pour que le désir fonctionne. C’est pour ça que vous êtes là.
Patrizia : Obsédée.
Madame H. : Absolument pas. Possédée. Possédée, peut-être, ou non, rien de tout ça. Rien de tout ça. Tout le monde désire. Tout le monde. Toutes les stratégies mènent à deux peaux qui se lèchent et qui se mélangent.
Patrizia : On est tous des obsédés.
Madame H. : Nous sommes tous une peau à la recherche d’une autre peau. Moi, j’adore chercher et j’adore trouver. Je veux continuer à jouer. Les gens sont vieux quand ils ne peuvent plus jouer.



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